Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 13, 1839.djvu/350

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avait dépassé la dernière habitation sur la montagne, à pied et seul, environ une heure avant que l’homme à cheval, que l’on savait être Jacques Colis, eût paru dans la même direction, et il convenait qu’il avait été dépassé par lui au moment où il atteignait l’extrémité supérieure de la plaine, au-dessus du Vélan, où les voyageurs, conduits par Pierre, les avaient vus de loin marchant en compagnie.

Jusque-là, les détails donnés par Maso étaient conformes à ce qui était connu du châtelain ; mais, après qu’on eut tourné le roc déjà mentionné dans un chapitre précédent, tout était enveloppé de mystère, à l’exception des incidents que nous avons détaillés. L’Italien ajouta que bientôt il quitta son compagnon, qui était impatient d’arriver, et désirait atteindre le couvent avant la nuit, tandis que lui, Maso, s’était un peu détourné du sentier pour se reposer, et faire quelques petits préparatifs avant de se diriger vers le couvent. Toute cette histoire fut racontée avec un calme aussi grand que celui qui venait d’être montré par Pippo et le pèlerin, et il était impossible à aucune personne présente d’y découvrir la plus légère improbabilité ou contradiction. Maso attribuait sa rencontre avec les autres voyageurs, pendant l’orage, au repos auquel il s’était livré, et pendant lequel ils l’avaient dépassé, ainsi qu’à sa marche plus rapide lorsqu’il se remit en route, deux circonstances qui semblaient aussi probables que le reste. Il avait quitté le refuge aux premiers rayons du jour, parce qu’il était en retard, et que son intention était d’arriver à Aoste dans la soirée, chose nécessaire pour réparer le temps perdu.

— Cela peut être vrai, reprit le juge mais comment peux-tu excuser ta vie vagabonde ? Tes effets ne valent pas beaucoup mieux que ceux d’un mendiant ; ta bourse même est vide, quoiqu’on connaisse tes succès comme contrebandier dans tous les États où les douanes sont établies.

— Les plus grands joueurs, Signore, sont ceux qui sont le plus souvent ruinés. Qu’y a-t-il d’extraordinaire et de nouveau à voir un contrebandier dépouillé de ses marchandises !

— Cela est plus plausible que convaincant. Tu es signalé comme ayant l’habitude de transporter des articles de joaillerie de Genève dans les États environnants, et l’on sait que tu viens de cette ville. Tes pertes doivent avoir été bien subites pour te laisser ainsi au dépourvu. Je crains qu’une mauvaise spéculation dans ton com-