Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 13, 1839.djvu/391

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secrétaire, car je suis le fils de la pauvre Annunziata Altieri, que vous jugeâtes digne d’une attention passagère. J’ai pris le nom d’un autre de vos enfants, parce que ce subterfuge était nécessaire à ma sûreté : les moyens m’en furent offerts par une relation accidentelle avec un des confidents de votre implacable ennemi et cousin, qui me procura des papiers qui avaient été dérobés avec le petit Gaëtano. La vérité de ce que j’avance vous sera prouvée à Gênes. Quant au seigneur Sigismond, il est temps que nous cessions d’être rivaux : nous sommes frères, avec cette différence dans nos fortunes qu’il est un enfant né dans le mariage, et que je suis le fruit d’une faute !

Un cri général, dans lequel étaient mêlés le regret, la joie, la surprise, se fit entendre. Adelheid se jeta dans les bras de son mari ; et le doge, pâle et respirant à peine, resta quelques instants les mains étendues vers son fils et offrant sur tous ses traits l’expression du repentir, de la joie et de la honte. Ses amis l’entouraient pour le consoler et le féliciter en même temps, car les émotions des grands ne passent jamais inaperçues comme les lamentations du pauvre.

— Laissez-moi respirer ! s’écria le prince, j’étouffe ! Où est le fils d’Annunziata, que je m’acquitte envers lui de mes torts avec sa mère !

Il était trop tard : le contrebandier s’était jeté avec une inconcevable hardiesse par-dessus le bord d’un précipice, et il était déjà hors de la portée de la voix, et descendait par un sentier plus court, mais plus dangereux, vers Aoste. Neptune le suivit de près. Il était évident que Maso, cherchait à dépasser Pippo et Conrad qui étaient en avant, sur une route plus fréquentée ; quelques minutes après, il tourna derrière un rocher, et on le perdit de vue.

C’est tout ce qu’on sut d’Il Maledetto. À Gênes, le doge reçut secrètement la confirmation de tout ce qu’il avait appris, et Sigismond fut placé légalement dans les droits que lui donnait sa naissance. Ce dernier fit d’inutiles efforts pour découvrir ce qu’était devenu son frère. Avec une délicatesse qu’on aurait à peine pu attendre de lui, le proscrit s’était éloigné d’une scène qu’il ne trouvait plus convenable ses habitudes, et jamais il ne leva le voile qui cachait sa retraite.

La seule consolation que ses parents obtinrent naquit d’un événement qui amena Pippo sur les bancs de la justice. Avant