Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 14, 1839.djvu/100

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Ayant terminé l’affaire de la Louisiane, je rompis le sixième cachet. Cette fois, mon correspondant était le principal administrateur d’une compagnie aux fonds de laquelle j’avais amplement contribué, avant de faire un placement dans un établissement de charité. Peu de temps avant mon départ d’Angleterre, j’avais été frappé de l’idée que des placements qui semblaient devoir être productifs, comme la plupart de ceux que j’avais faits, tendaient à rendre l’esprit mondain, et je n’avais pu imaginer aucun autre moyen pour contrebalancer cette tendance dangereuse que de chercher à former quelque association avec les saints. J’en trouvai une heureuse occasion, grâce aux besoins de la société philo africaine, dont les travaux méritoires allaient être paralysés faute de ce grand moyen de charité, l’or. Un mandat de cinq mille livres sur mon banquier m’avait valu l’honneur d’être placé sur la liste de ses directeurs et de ses patrons ; et, je ne saurais dire pourquoi, cette circonstance fit que je pris plus d’intérêt au résultat des travaux de cette société, que je n’en avais jamais éprouvé pour aucune institution de cette nature. Peut-être cette inquiétude bienveillante était-elle causée par ce sentiment naturel, qui fait que nous jetons les yeux sur tout ce qui nous a appartenu, aussi longtemps qu’il nous est encore possible d’en distinguer quelque chose.

Le principal administrateur de cette compagnie m’informait que quelques spéculations, qui avaient marché pari passu avec la charité, avaient parfaitement réussi, et que d’après les règlements de la société les actionnaires avaient droit à un dividende. Mais… combien de fois ce mot fâcheux vient-il se placer entre la coupe et les lèvres ! mais il pensait que l’établissement d’une nouvelle factorerie près d’un endroit qui était le rendez-vous général des bâtiments négriers, et où l’on pouvait se procurer de la poudre d’or et de l’huile de palmier au plus bas prix, et par conséquent au plus grand bénéfice pour le commerce et la philanthropie, serait une application judicieuse de nos bénéfices. Ces deux intérêts seraient comme la cause et les effets ; on éviterait aux noirs une masse incalculable de misère ; aux blancs un fardeau pesant de péchés ; et les agents particuliers d’un si grand bien général pourraient compter de retirer au moins tous les ans quarante pour cent de leur argent, indépendamment de ce qu’ils sauveraient leurs âmes par-dessus le marché. Je ne pouvais hésiter à accepter une