Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 14, 1839.djvu/119

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Art. 11. Qu’il ne pourra résulter aucun précédent défavorable pour le dialecte des hommes ou pour celui des Monikins, de l’adoption de la langue latine en cette circonstance.

Enchanté de cette preuve d’attention de la part de lord Chatterino, j’envoyai immédiatement ma carte à ce jeune seigneur, et je me mis sérieusement à me préparer, avec une attention scrupuleuse, à accomplir les moindres conditions de l’arrangement. Le capitaine Poke fut bientôt prêt, et je dois dire qu’il avait plutôt l’air d’un quadrupède sur ses pattes de derrière, que d’une créature humaine. Quant à mon extérieur, je pense qu’il était ce qu’exigeaient ma position et mon caractère.

À l’heure désignée, toutes les parties se rassemblèrent, lord Chatterino tenant en main une copie du protocole. Cet acte fut lu solennellement par le jeune seigneur, d’un ton imposant : il y eut ensuite un silence, qui semblait appeler les commentaires. Je ne sais comment cela se fait, mais je n’ai jamais entendu lire les stipulations positives d’une convention, sans me sentir disposé à en rechercher les côtés faibles. J’avais vu que la discussion conduirait à des argumentations, et les argumentations à une comparaison entre les deux races ; et je sentais s’agiter en moi une sorte d’esprit de corps. Je fus frappé de ce qu’on pourrait élever des objections sur les trois acolytes qu’on accordait an docteur Reasono, tandis que je n’en avais qu’un seul. Je fis sentir l’objection ; mais, je l’espère, d’une manière aussi conciliante que modeste. Lord Chatterino répliqua en faisant observer qu’il était vrai que le protocole parlait en termes généraux de compagnons mutuels ; mais, si sir John Goldencalf voulait prendre la peine de se reporter à l’acte même, il verrait que les acolytes du docteur Reasono étaient mentionnés au pluriel, tandis qu’on ne citait qu’au singulier celui de sir John.

— C’est parfaitement exact, Milord ; vous me permettrez cependant d’observer que deux Monikins rempliraient parfaitement les conditions stipulées en faveur du docteur Reasono, tandis qu’il en amène ici trois : il faut cependant une limite à cette pluralité ; autrement le docteur aurait droit de paraître à la conférence avec toute la population de Leaphigh.

— L’objection est extrêmement ingénieuse, et fait on ne peut plus d’honneur au talent diplomatique de sir John Goldencalf. Mais, chez les Monikins, deux femelles ne valent qu’un mâle aux