Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 14, 1839.djvu/145

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de matière inerte. De cette manière toute individualité, du moins par rapport au passé, s’efface et se perd.

— Mais, Monsieur, il existe des faits qui contredisent une de vos propositions les plus importantes. Vous admettez que si l’axe de la terre était perpendiculaire au plan de son orbite actuelle, il n’y aurait pas de changement de saisons ; et cependant ce changement existe : c’est un fait incontestable. La chair et le sang déposent ici contre vous non moins que la raison.

— Je parlais, Monsieur, des choses telles qu’elles étaient avant la naissance du Monikin. Depuis ce temps, une grande et salutaire révolution s’est opérée. La nature, dans des vues particulières et toutes bienveillantes, avait réservé les régions polaires pour la nouvelle espèce. L’obliquité des rayons du soleil les rendait inhabitables ; et quoique la matière, sous la forme de mastodontes et de baleines, y eût souvent pénétré, c’était uniquement pour fournir une preuve de plus de l’impossibilité de lutter contre la destinée ; les uns en laissant leurs ossements incrustés dans des champs de glace ; les autres en périssant à peine entrés dans les mers polaires, ou en s’en allant comme ils étaient venus. D’après la nature et la conformation des animaux, jusqu’à l’époque où parut la race monikine, les régions en question étaient non seulement inhabitées, mais physiquement inhabitables. Cependant, lorsque la nature, dans son éternelle sagesse et dans sa marche constamment progressive, eut préparé la route, on vit éclater ces phénomènes qui la dégagèrent de tous les obstacles. J’ai dit un mot de la lutte interne qui s’établit entre le feu et l’eau, et de leur produit commun, la vapeur. Ce nouvel agent fut alors employé. Un moment d’attention sur la manière dont la civilisation fit ensuite un grand pas, montrera toute la prévoyance de notre mère commune en établissant ses lois. La terre s’aplatit aux pôles, ainsi que le conçoivent plusieurs philosophes humains ; ce qui résulte de ce que son mouvement diurne commença lorsque la boule était encore en état de fusion ; car, de cette manière, une partie de la matière non pétrie se trouva naturellement rejetée vers la périphérie. La matière qui se trouva ainsi accumulée à l’équateur avait été nécessairement retirée d’autres parties ; et ce fut ainsi que la croûte du globe devint plus mince aux pôles. Lorsqu’une quantité suffisante de vapeur eut été produite au centre de la boule, une soupape de sûreté devint évidemment nécessaire