Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 14, 1839.djvu/183

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kins, et comme on nous avait vus approcher, on avait depuis plusieurs heures fait des préparatifs pour nous recevoir convenablement. La section de l’académie à qui est confiée la garde de la « Science des Indications » fut convoquée à la hâte par ordre du roi. Cependant le roi, soit dit en passant, ne parle jamais que par la bouche de l’aîné de ses cousins-germains ; et quoique le roi, comme individu, ait presque autant de privilèges que tout autre Monikin, ce cousin, en vertu des lois fondamentales du royaume, est responsable de tous les actes officiels du monarque, et par conséquent il lui est permis avec justice d’exercer, légalement parlant, les fonctions des yeux, des oreilles, de la langue, du nez, de la conscience et de la queue du souverain. Les savants mirent de l’activité dans leurs opérations, et comme ils procédèrent avec méthode et d’après des principes sûrs, leur rapport fut bientôt fait ; il contenait, comme nous l’apprîmes ensuite, sept feuilles de prémisses, onze d’arguments, seize de conjectures, et deux lignes de conséquences. Cette tâche laborieuse imposée à l’intelligence des Monikins s’exécuta en la distribuant en autant de parties qu’il retrouvait de membres de cette section, c’est-à-dire quarante. Ce rapport disait en substance que le navire qu’on avait en vue était étranger, qu’il venait d’un pays étranger, et qu’il était monté par des étrangers ; qu’il semblait arriver dans des intentions pacifiques plutôt qu’hostiles, car les télescopes n’avaient fait découvrir aucun moyen d’agression, à l’exception de certains animaux sauvages, qui paraissaient pourtant paisiblement occupés à la manœuvre du bâtiment. Tout cela était exprimé d’une manière sentencieuse et dans les termes les plus purs L’effet de ce rapport fut de faire abandonner tous préparatifs hostiles.

Quand la barque du capitaine du port fut de retour à terre, et eut répandu la nouvelle que lord Chatterino, lady Chatterissa et le docteur Reasono étaient à bord du navire étranger, de grands cris de joie se firent entendre sur le rivage, et peu de temps après, le roi, ou pour mieux dire l’aîné de ses cousins-germains, ordonna qu’on les reçût avec tous les honneurs d’usage. Une députation de jeunes lords, l’espoir de Leaphigh, arriva pour féliciter Chatterino de son retour, et un essaim de belles nymphes de noble naissance se groupa autour de Chatterissa, qui les accueillit en souriant de l’air le plus gracieux, tandis qu’elles l’accablaient de