Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 14, 1839.djvu/193

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pouvez le voir, que nous n’avons pas de poches, il pouvait être à propos de convertir notre monnaie courante en promesses. — Maintenant je vous demande si vous connaissez cette monnaie ?

— Sans doute, Monsieur, nous la connaissons, non comme monnaie directe, mais comme collatérale.

— Il parle de ligne collatérale en monnaie courante, comme s’il s’agissait d’une généalogie. — Êtes-vous réellement, mein herr Shouldercalf, assez peu avancés en civilisation dans votre pays pour ne pas connaître les avantages d’une monnaie courante de promesses ?

— Comme je ne comprends pas exactement quelle est la nature de cette monnaie, Monsieur, je ne puis vous répondre aussi aisément que je le voudrais.

— Expliquons-le-lui ; car je suis réellement curieux de savoir ce qu’il répondra. — Chatterino, vous qui avez quelque connaissance des habitudes de ces créatures, soyez notre interprète.

— Voici quel est le fait, sir John ; il y a environ cinq cents ans, nos ancêtres ayant atteint ce point de civilisation qui leur permit de se passer de poches, trouvèrent nécessaire de substituer une nouvelle monnaie à celle qui était frappée avec les métaux, qui était incommode à porter, qui pouvait être volée, et qu’il était possible de contrefaire. D’abord ils en firent une de toile de coton et de fil, et la valeur de chaque pièce y était écrite. Ils passèrent ensuite par toutes les gradations du papier, depuis le plus gros jusqu’au papier de soie. Enfin, voyant que ce plan avait réussi et que la confiance était parfaitement établie, ils perfectionnèrent ce système par un coup de main. Des promesses verbales furent substituées à toute autre espèce de monnaie. Vous devez en apercevoir tous les avantages d’un seul coup d’œil. Un Monikin peut voyager sans poches et sans bagages, et avoir un million à sa disposition ; cette monnaie n’est pas susceptible de contrefaçon, et elle ne craint ni le feu ni les voleurs.

— Mais, Milord, ne déprécie-t-elle pas la valeur de la terre ?

— Tout au contraire. Un acre qu’on aurait pu acheter autrefois par une promesse, en vaut mille aujourd’hui.

— C’est sans doute une grande amélioration du système monétaire, à moins que de fréquentes banqueroutes…

— Il n’y en a pas en une seule depuis la promulgation de la loi qui a donné aux promesses un cours légal.