Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 14, 1839.djvu/356

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la roue comme ils peuvent, d’un air pileux, et souvent sur une route très-sale. La charrette roule comme le locomoteur, et en suit tous les mouvements. Et, comme il est raisonnable de le supposer, les accidents sont fréquents lorsque deux corps sont entraînés l’un à l’autre et qu’un seul est mis en mouvement pour tous. Dans tous les cas, un Divin, à Leaplow, est en général une énigme, et c’était à un de ces Divins que Noé avait l’intention de s’accrocher, comme à son locomoteur moral, afin de pouvoir être conduit sans faire aucun effort par lui-même, expédiant qui suivant l’expression du vieux marin, remédierait à son besoin d’une cauda, et par lequel il ne serait que la queue d’un parti.

— Je suppose, sir John, dit-il, car il avait une grande manie de suppositions, que cette manière de penser est celle des habitants de Leaplow. Ils trouvent plus commode d’avoir affaire à quelqu’un de ces Divins et de tomber dans son sillage, comme la queue d’une comète, ce qui leur rend inutile toute autre cauda.

— Je vous comprends, ils coupent court à toute discussion pour prévenir les répétitions.

Noé parlait rarement d’un projet sans qu’il fût décidé dans sa tête, et l’exécution suivait de près. J’appris donc bientôt qu’il s’était engagé dans le convoi, comme il l’appelait, et qu’il en était un des membres les plus importants. Curieux d’apprendre si le métier lui plaisait, après une semaine de pratique j’appelai de nouveau son attention sur ce sujet.

Il m’assura que c’était le modèle plus agréable de législature qu’on eût jamais inventé ; qu’il était maintenant parfaitement maître de son temps, et qu’il en profitait pour réunir une certaine quantité de cartes pour la marine de Leaplow, ce qui devait lui rapporter une bonne somme d’argent. Dans les mers polaires, ajouta-t-il, je suis simplement les autorités monikines ; sorti de ces mers, je dirige les choses à ma fantaisie. Quant à la grande allégorie, ce qu’il avait de mieux à faire dans un moment difficile, c’était de s’informer de l’opinion de son Divin, et de voter en conséquence. Il n’avait pas besoin de s’épuiser la poitrine à argumenter, car ayant, ainsi que le reste de la clientèle, investi le patron de pleins pouvoirs, il en est résulté une si puissante accumulation de savoir dans un seul individu, qu’il suffit de citer son autorité pour renverser tout antagoniste. « C’est l’opinion de tel ou tel Divin, » ces mots servent de réponse à tout. Il avait en