Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 15, 1839.djvu/160

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— Et je suis sûr, capitaine, dit sir George Templemore, que nous devons nous réjouir de ce qu’il a échappé comme nous au naufrage. Quant à moi, j’ai une pitié sincère pour les malheureux qui sont ou qui étaient à bord de l’Écume, et je voudrais presque être catholique afin de pouvoir faire dire des messes pour eux.

— Vous vous êtes montré bon chrétien dans toute cette affaire, sir George, et je n’oublierai pas vos offres libérales de payer tous les frais de mouillage dans un port, plutôt que de nous laisser tomber dans la mâchoire des Philistins. Nous avons été plus d’une fois dans une catégorie avec le coursier à pieds légers qui était dans nos eaux, et personne n’a montré un désir plus cordial que vous de nous voir nous en tirer.

— Je prends toujours intérêt au bâtiment à bord duquel je m’embarque, répondit le baronnet, qui n’était pas fâché d’entendre faire si ouvertement l’éloge de sa libéralité. J’aurais volontiers donné mille guinées pour éviter que nous fussions pris ; je crois que c’est le véritable esprit d’un chasseur.

— Ou d’un amiral, mon cher Monsieur. — Pour vous parler franchement, sir George, dans le premier moment où j’ai eu l’honneur de faire connaissance avec vous, je ne vous rendais pas tout à fait justice. Il y avait en vous une sorte d’attention anglaises des babioles, une sorte d’affectation dans votre début, comme dit M. Dodge, qui me portaient à douter que vous eussiez l’âme et le cœur que je vois à présent que vous possédez.

— Oh ! j’aime certainement mes aises, dit sir George en riant.

— En ce cas, tout ce qui me surprend, c’est que vous ne fumiez pas. — M. Dodge, votre compagnon de chambre que voilà, me dit que vous avez trente-six paires de pantalons !

— Oui, c’est la vérité. On aime à se présenter en pays étranger décemment vêtu.

— Eh bien ! si notre destin nous faisait voyager dans le désert, vous auriez de quoi équiper tout un harem.

— Je voudrais, capitaine, que vous me tissiez le plaisir d’entrer dans notre chambre un de ces matins. J’ai plusieurs choses curieuses que je serais charmé de vous faire voir — un assortiment de rasoirs, une toilette portative — et plusieurs autres objets. M. Dodge a vu une grande partie de mes curiosités, et il vous dira qu’il y en a quelques-unes qui méritent réellement un moment d’examen.

— Oui, capitaine, dit M. Dodge ; — car cette conversation était un aparté à eux trois. M. Leach veillait à ce que le service se fît exactement sur tout le bâtiment ; et l’habitude avait donné à M. Truck la