Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 15, 1839.djvu/204

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gagner le large ; mais ce bâtiment ne pouvait virer vent devant avec le peu de vent qu’il faisait ; il est même probable qu’il n’aurait pu exécuter cette manœuvre par une bonne brise, et le capitaine vit par la dérive du bâtiment qu’il fallait agir avec promptitude. Le Montauk pouvait jeter l’ancrer à la hauteur de la passe aussi bien qu’ailleurs, s’il était réduit à la nécessité de la jeter en deçà du récif, et il avait toujours la chance de pouvoir avancer au delà.

Aussitôt que le cap eut été remis au sud, et que le capitaine le vit le long du récif, à une distance suffisante pour être en sûreté, et dans une aussi bonne direction qu’il pouvait l’espérer, il commença son examen. En marin prudent, il s’éloigna à une distance convenable des rochers, car il savait que s’il trouvait quelque obstacle en deçà du récif, peu importait quelle était la profondeur de l’eau au delà. Le jour était si beau, et, sur les côtes où il n’y a pas de rivières, la mer est si limpide dans les basses latitudes, qu’il était facile de voir le fond à une profondeur considérable. Mais le capitaine ne s’en rapporta pas au seul sens de la vue ; et il jetait constamment la sonde, quoique tous les yeux s’occupassent en même temps à chercher les rochers.

La première sonde rapporta cinq brasses, et l’eau continua à être de la même profondeur presque jusqu’à l’entrée de la passe, où le plomb tomba sur un rocher, à trois brasses et demie. On fit en cet endroit un examen plus minutieux, et jamais la profondeur de l’eau ne fut moindre de trois brasses et demie. Comme le Montauk tirait près d’une brasse de moins, le vieux capitaine s’avança vers la passe avec circonspection. Directement à l’entrée était un grand rocher plat presque à fleur d’eau, et qui probablement se découvrait à marée basse. Le capitaine Truck crut d’abord que ce rocher détruirait toutes ses espérances de succès, qui commençaient à se fortifier, mais une reconnaissance, faite avec le plus grand soin, lui apprit qu’il se trouvait d’un côté un passage, étroit à la vérité, mais assez large pour admettre un bâtiment.

À partir de cet endroit, la passe faisait beaucoup de détours, mais elle était suffisamment indiquée par le bouillonnement de l’eau sur le récif ; et, après un examen attentif, il trouva partout au moins trois brasses d’eau au delà du récif, en dedans duquel était un espace considérable qui se découvrait à marée basse, mais qui était presque entièrement couvert d’eau quand elle montait, — et elle montait alors, — et qui avait, comme c’est l’ordinaire, des canaux entre les bancs. Ayant suivi un de ces canaux pendant un quart de mille, il arriva dans un bassin ayant quatre brasses d’eau, assez grand pour