Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 15, 1839.djvu/263

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réfléchir sur la situation dans laquelle nous nous trouvons. Ne perdons pas de temps.

Blunt s’était mis sur son séant, il passa une main sur son front comme pour s’assurer qu’il était bien éveillé ; il avait gardé tous ses vêtements, à l’exception de son habit, et, un moment après, il était debout au milieu de sa chambre.

— Ceci est trop sérieux pour risquer de faire une méprise, dit-il ; ne l’alarmons pas, n’alarmons personne, Monsieur, avant d’être bien certains du fait.

— Je pense entièrement comme vous, répondit M. Sharp, qui était parfaitement calme quoique évidemment très-inquiet ; je puis m’être trompé, et je désire avoir votre opinion. Tout le monde dort à bord, excepté vous et moi.

Paul Blunt passa son habit, et une minute après tous deux étaient sur le pont. Le jour ne paraissait pas encore, et il ne faisait pas assez clair pour bien distinguer les objets, même à la distance du récif, surtout quand ils étaient stationnaires. Cependant on voyait les rochers, car c’était l’instant ou la marée était basse, et la plupart élevaient leur cime bien au-dessus de l’eau. Les deux jeunes gens s’avancèrent avec précaution sur l’avant du bâtiment, où ils se cachèrent derrière la muraille, et M. Sharp montra à son compagnon les objets qui l’avaient alarmé.

— Voyez-vous, lui dit-il, ce rocher terminé en pointe, un peu à droite de l’endroit où l’ancre à jet est mouillée ? Je n’y vois plus rien, mais je suis certain d’y avoir vu quelque chose quand j’ai été vous trouver.

— C’était sans doute quelque oiseau de mer, car le jour va paraître et ils peuvent déjà avoir pris leur vol. Était-il bien grand ?

— Il paraissait comme une tête d’homme ; mais ce n’est pas tout : un peu plus au nord, là, j’ai distingué trois autres objets en mouvement, marchant dans l’eau, à l’endroit où les rochers ne se montrent jamais à fleur d’eau.

— Ce pouvaient être des hérons. Je crois qu’on trouve souvent ces oiseaux dans ces basses latitudes. Je ne puis rien apercevoir.

— Plût au ciel que je me fusse trompé ! mais je le crois impossible.

Blunt lui saisit le bras, le serra fortement, écouta avec attention, et lui dit à voix basse :

— N’avez-vous rien entendu ?

— Un bruit semblable à celui que produirait du fer battant sur l’eau.

Regardant autour de lui, Paul Blunt saisit un anspect, et passant