Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 15, 1839.djvu/387

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pensées vers cette médiation divine, qui seule peut nous servir pendant en est temps encore.

Mais M. Lundi était effrayé de l’approche de la mort plutôt que repentant. Son cœur s’était endurci par la longue et constante habitude de satisfaire tous ses penchants, et il était alors comme un homme qui se trouve inopinément en face d’un danger terrible et imminent, sans aucun moyen visible d’y échapper. Il gémit et regarda autour de lui, comme s’il cherchait quelque chose où il pût s’accrocher, la résolution qu’il avait montrée dans l’orgueil de sa force ne lui servant à rien. Toutefois ces émotions ne furent que passagères, et la stupidité naturelle de cet homme reprit le dessus.

— Je ne crois pas, Monsieur, dit-il en regardant fixement John Effingham, que j’aie été un bien grand pécheur ?

— Je l’espère, mon bon ami ; cependant aucun de nous n’est assez dégagé de souillure pour n’avoir pas besoin de l’aide de Dieu pour se préparer à paraître en sa sainte présence.

— C’est vrai, Monsieur, c’est bien vrai. J’ai été baptisé et confirmé dans toutes les règles.

— Ces engagements pris pour nous, nous devons les ratifier.

— Par un prêtre et un évêque, Monsieur ; de digues et orthodoxes ecclésiastiques.

— Je n’en doute pas ; mais c’est le cœur contrit, monsieur Lundi, qui nous assure notre pardon.

— J’ai le cœur contrit, Monsieur, très-contrit.

Il y eut alors une pause d’une demi-heure, et John Effingham crut d’abord que le malade sommeillait de nouveau ; mais, en l’examinant plus attentivement, il remarqua que ses yeux s’ouvraient souvent et erraient sur les objets qui étaient près de lui. Ne voulant pas troubler cette tranquillité apparente, il laissa passer les minutes sans dire un seul mot, et ce fut M. Lundi qui finit par rompre de lui-même le silence.

— Monsieur Effingham, dit-il, monsieur Effingham !

— Je suis près de vous, monsieur Lundi, et je ne quitterai pas l’appartement.

— Merci, merci ! ne m’abandonnez pas, vous !

— Je resterai ; mettez-vous l’esprit en repos et dites-moi ce que vous désirez.

— Je désire vivre, Monsieur !

— La vie est le don de Dieu, et sa possession ne dépend que de son bon plaisir. Demandez le pardon de vos fautes, et rappelez-vous la miséricorde et l’amour du saint Rédempteur.