Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 15, 1839.djvu/400

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n’a pas été créée pour vivre seule, et je soutiens qu’elle ne l’a pas été pour se promener seule. J’avouerai pourtant qu’il y a un certain charme dans la manière dont ces jeunes dames placent leurs mains dans les poches de leur tablier, et se balancent le corps en marchant comme des duchesses sous ces galeries. S’il m’est permis de le suggérer humblement, nos belles. Américaines pourraient faire plus mal que d’imiter cette démarche parisienne ; car, comme voyageur, je crois de mon devoir de faire ressortir toutes les qualités supérieures que les autres nations peuvent posséder. Je désire aussi dire un mot de la suavité générale de manières des dames de qualité dans leurs promenades dans cet élégant quartier de Paris, et même dans tous ses environs. »

— Les dames françaises doivent être très-flattées de la manière dont vous parlez d’elles, Monsieur, s’écria le capitaine en remplissant le verre de M. Dodge ; au nom de la vérité et de la pénétration, continuez.

« J’ai été récemment invité à un bal chez une des premières familles de France, demeurant rue Saint-Jacques, qui est le Saint-James’Street de Londres. La compagnie était choisie et composée des personnes les plus distinguées du royaume des Français. Les plus belles manières y régnaient, et la danse était des plus gracieuses ; l’air avec lequel les dames penchaient la tête d’un côté et inclinaient le corps en avançant et en reculant, était dans le premier style de la cour de Terpsichore. Elles étaient toutes des premières familles de France. J’en entendis une s’excuser de se retirer de si bonne heure sur ce que madame la duchesse l’attendait ; et une autre dit qu’elle devait partir le lendemain matin avec madame la vicomtesse. Les hommes, à peu d’exceptions près, étaient en costume de fantaisie, et portaient des habits, les uns bleu de ciel, les autres verts, quelques-uns écarlates, mais tous plus ou moins brodés sur toutes les coutures, à peu près comme était vêtu l’honorable roi le matin où je le vis partir pour Nioully. Au total, ce bal fut le plus beau que j’aie jamais vu, les hommes étant aimables sans le moindre mélange d’orgueil, et les dames toute grâce. »

— Et les dames autant de grâces, aurait quelque chose de plus expressif, si vous me permettez de vous proposer ce léger changement, dit John Effingham tandis que M. Dodge reprenait haleine.

« J’ai remarqué que le peuple, dans la plupart des monarchies, est bas et abject dans sa conduite. Ainsi les hommes ôtent leur chapeau en entrant dans une église, même quand le ministre n’y est pas, et les enfants eux-mêmes ôtent leur chapeau quand ils entrent dans