Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 15, 1839.djvu/407

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pour une chasse, lui dit le jeune marin. — Si nous prenons le large, la corvette, quelque bordée que nous suivions, aura maintenant de meilleures jambes que nous, Excusez-moi donc, si je prends la liberté de vous dire que d’autres mesures seraient préférables.

Le capitaine Truck avait appris à respecter l’opinion de Paul, et il prit son observation en bonne part.

— Quelle alternative avons-nous, lui répondit-il, — si ce n’est d’aller nous jeter dans la gueule du lion, ou de virer et de gouverner à l’est ?

— Nous en avons deux autres. Nous pouvons passer devant la corvette sans qu’elle pense à nous, car notre bâtiment est changé à être méconnaissable ; ou nous pouvons nous approcher de la terre et nous placer sur une eau plus basse.

— La corvette ne tire pas plus d’eau que ce bâtiment, Monsieur, et elle nous y suivrait. Il n’y a pas de port plus voisin que le havre de l’Œuf ; et je craindrais d’y entrer avec un bâtiment du port de celui-ci au lieu qu’en gouvernant à l’est et en doublant Montauk, qui nous devrait un abri à cause de notre nom, nous pourrions arriver au besoin à, New-London, et dire alors que nous avons gagné le prix de la course.

— Cela serait impossible, capitaine Truck, permettez-moi de le dire. En voguant vent arrière nous ne pouvons échapper, car nous serions à la côte dans une couple d’heures ; entrer à Sandy-Hook, si nous sommes reconnus, est impossible à cause de la corvette, et dans une chasse de cent vingt milles, nous sommes sûrs d’être rejoints.

— Je crains que vous n’ayez raison, mon cher Monsieur, je crains que vous n’ayez raison. Eh bien ! les bonnettes sont maintenant serrées, je gouvernerai vers les hauteurs, et je jetterai l’ancre sous leur abri, si cela est nécessaire. Alors nous pourrons donner à ce drôle une bonne dose de Vattel, car je crois qu’il n’osera se hasarder à nous capturer quand notre ancre posera sur un fond américain.

— Jusqu’à quelle distance du rivage oserez-vous avancer ?

— Jusqu’à un mille en face de nous ; mais pour entrer à Sandy-Hook, il faut passer la barre à une lieue ou deux d’ici.

— Cela est malheureux ; mais tâchez d’approcher de la côte assez près pour ne laisser aucun doute que nous ne soyons dans les eaux américaines.

— Nous l’essaierons, Monsieur, nous l’essaierons. Après avoir échappé aux Arabes, ce serait bien le diable si nous ne pouvions doubler John-Bull. Je vous demande pardon, monsieur Blunt ; mais