Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 15, 1839.djvu/45

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couleur était celle des joues d’une cuisinière quand son feu est le plus ardent, était tourné vers ces deux personnages, et ils auraient probablement reçu quelque manifestation décidée de sa volonté, si sir George Templemore, suivi des quatre autres membres de son comité, ne se fût rapproché pour faire son rapport.

— Capitaine Truck, dit le baronnet, nous sommes d’avis que, comme votre bâtiment est sous voiles, et qu’on peut dire avec vérité que votre voyage est commencé, il n’est ni convenable ni nécessaire que vous jetiez l’ancre de nouveau ; mais qu’il est de votre devoir…

— Je n’ai pas besoin d’avis sur mon devoir, Messieurs. Si vous pouvez me faire savoir ce que dit Vattel, ou ce qu’il devrait avoir dit sur la question ou touchant la catégorie du droit de visite, excepté comme un droit appartenant aux belligérants, je vous en serai obligé ; sinon, il faut nous contenter de le deviner. Je ne commande pas depuis dix ans un bâtiment faisant cette route pour avoir besoin de faire un effort de mémoire afin de connaître le droit de juridiction d’un port ; ce sont des choses que l’usage apprend, comme disait mon vieux maître en nous appelant de table quand nous n’avions qu’à moitié dîné. Or, il y a l’affaire des nègres de Charlestown, dans laquelle notre gouvernement prouva clairement qu’il n’avait pas étudié Vattel, sans quoi il n’aurait jamais répondit comme il le fit. — Peut-être n’avez-vous jamais entendu parler de cette affaire, sir George ? Je vous la raconterai brièvement, car elle touche au principe, et elle a des points délicats.

— N’en avons-nous pas une plus pressante, capitaine ? — Cette embarcation ne peut-elle pas ?…

— Cette embarcation ne fera rien, Messieurs, sans la permission de John Truck. — Il faut que vous sachiez qu’il existe une loi en Caroline, portant que tous les nègres amenés par un bâtiment dans cet état seront mis en cage jusqu’à ce que le bâtiment remette à la voile. C’est pour prévenir l’émancipation, comme on l’appelle, ou l’abolition, je ne saurais trop dire. Or, voilà qu’un bâtiment venant des îles des Indes-Orientales arrive avec un équipage de nègres ; et, conformément à la loi, les autorités de Charlestown les mettent tous en cage avant la nuit. John Bull se plaint à son ministre, son ministre envoie une note à notre secrétaire d’état, et notre secrétaire d’état écrit au gouverneur de la Caroline, lui recommandant d’exécuter le traité. Je n’ai pas besoin de vous dire ce que c’est qu’un traité, Messieurs ; c’est une chose à laquelle il faut obéir ; mais ce qui est important, c’est de savoir ce qu’il ordonne. Or, que disait ledit traité ? Que John Bull entrerait dans nos ports et en sor-