Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 15, 1839.djvu/66

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— Oui, oui, dit le capitaine Truck qui avait entendu la fin de cette conversation, la sauce qui est bonne pour l’oie l’est aussi pour l’oison, comme dit Vattel. Ce n’est pas qu’il le dise dans les mêmes termes, mais c’est une idée qui est répandue dans tous ses écrits. À cet égard, il y a peu de choses qu’on puisse dire sur aucun sujet, qu’il ne mette devant les yeux de ses lecteurs aussi clairement que Beachy Head se présente au navigateur dans le canal Britannique. Avec Bowditch et Vattel, un homme peut faire le tour du globe sans avoir à craindre de toucher contre un écueil, ou de faire une méprise en principes. Mais l’objet de mon arrivée, Mesdames, est de vous annoncer que le maître d’hôtel vient de me prévenir que le souper attend l’honneur de votre présence.

Avant de quitter le pont, on lui demanda, où en était la chasse, et quelles étaient les intentions probables de la corvette.

— Nous sommes maintenant sur la grande route des nations, répondit M. Truck ; et mon dessein est d’y voyager sans coudoyer personne, et sans me laisser coudoyer. Quant à la corvette, elle vogue à toutes voiles, et nous sommes presque en droite ligne avec elle, aussi sous toutes voiles. Elle est à environ huit à dix milles en arrière de nous ; et un vieux proverbe des marins dit qu’une chasse en arrière est une longue chasse ! Je ne crois pas que nous soyons destinés à faire exception à la règle. Je ne prétends pas dire quelle sera la fin de l’affaire ; mais il n’y a pas de bâtiment dans toute la marine anglaise qui puisse gagner dix milles sur le Montauk quand il est bien arrimé, comme vous le voyez ; et, avec cette brise, dans dix heures, nous serons débarrassés d’elle.

Pendant qu’il prononçait ces derniers mots, Ève mit le pied sur l’escalier pour descendre dans la chambre.


CHAPITRE VI.


Stephano ! ton autre bouche m’appelle-t-elle ? Merci ! merci !
La Tempête



La vie du maître d’hôtel d’un paquebot consiste à préparer divers breuvages, à verser à boire, à rincer des verres, et à répondre à des questions, sans un instant de repos, dans un espace d’environ douze pieds carrés. Ces fonctionnaires sont ordinairement d’adroits mulâtres qui ont appris la civilisation de la cuisine, et ils sont occupés, du matin au soir, dans leur cabine, à préparer les repas, à donner des ordres, à régler l’ordonnance du service de la table, à débou-