Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 16, 1839.djvu/120

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

preté, et il ne ressemblait guère à cet égard à une ville d’Europe au sud du Rhin, si l’on en excepte les bourgs pittoresques de la Suisse. En Angleterre on aurait appelé Templeton une petite ville à marché ; en France, un gros bourg ; en Amérique, il portait le nom de village.

Parmi les maisons de Templeton, une vingtaine étaient de nature à annoncer l’aisance de ceux qui les occupaient, et les habitudes de gens accoutumés à vivre d’une manière supérieure à la grande masse de leurs semblables. Sept à huit de ces habitations avaient une pelouse de verdure entourée d’un chemin pour une voiture, avec les autres dépendances de maisons qui n’étaient pas jugées indignes de porter un nom distinctif. Rien de moins que cinq petits clochers, beffrois ou tours, car aucun de ces mots ne convient exactement aux prodiges d’architecture que nous voudrions pouvoir décrire, s’élevaient au-dessus des toits, et annonçaient l’emplacement d’autant d’édifices consacrés au culte ; tout village américain offrant un aussi grand nombre de preuves de liberté — peut-être vaudrait-il mieux dire de caprices — de conscience, que peuvent en produire les dollars du voisinage, par tous les moyens possibles. Quelques voitures légères, convenables à un pays de montagnes, traversaient les rues, et çà et là, une charrette attelée d’un seul cheval était attachée devant la porte d’une boutique, indiquant la présence d’une pratique ou d’un client arrivant des coteaux voisins.

Templeton n’était pas un lieu de passage assez considérable pour posséder une de ces monstruosités, une taverne américaine de genre moderne, ou un édifice dont le toit s’élevât au-dessus de tous ses voisins, même en y comprenant les églises. Cependant il avait des auberges d’une grandeur respectable, et elles étaient assez fréquentées.

Presque au centre du village, sur un terrain dont l’étendue n’était pas très-considérable, on voyait encore le chef-d’œuvre de l’ordre composite, qui devait son existence au goût et aux connaissances combinées de M. John Richard et de M. Hiran Dolittle. Nous ne dirons pas qu’il avait été remis à la moderne, car, en le voyant, on aurait cru tout le contraire ; mais il avait subi récemment des changements importants qui avaient été dirigés par l’intelligence de M. John Effingham.

Cet édifice était si remarquable par sa position et par sa grandeur, que, dès que nos voyageurs eurent jeté un coup d’œil sur