Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 16, 1839.djvu/141

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cette maison[1], il nous reste peu de chose à dire sur ce sujet ; car, quoique John Effingham en eût complétement changé l’extérieur, il n’avait fait que peu de changements dans l’intérieur. Il est vrai que la couverture du toit peinte en couleur de nuage avait disparu ; ainsi que ces colonnes qui étaient si noblement soutenues par le haut. À ce toit on en avait substitué un qui ne s’avançait plus d’une manière si gauche au-delà des murailles, et les colonnes avaient été remplacées par une petite tour d’entrée que le nouvel architecte avait très-avantageusement imaginé d’ajouter au bâtiment, car il l’embellissait et le rendait plus commode. Dans le fait, le wigwam n’offrait aucun des traits les plus ordinaires d’une maison américaine de ce genre. Il ne s’y trouvait pas une seule colonne, soit grecque, soit romaine, soit égyptienne. On n’y voyait ni jalousies, ni balcons ornés de treillage, ni aucun mélange de couleurs ; au contraire, c’était un ancien édifice très-simple, construit avec beaucoup de solidité, avec d’excellents matériaux, et avec ce caractère respectable de dignité et de convenance que nos pères connaissaient un peu mieux que nous, leurs dignes successeurs. Indépendamment de la tour d’entrée, ou porche, du côté du nord, John Effingham avait aussi ouvert une porte au sud, par le moyen de laquelle on pouvait en sortant de l’intérieur éviter la transition trop brusque de l’air chaud à l’air froid. Il avait aussi fait construire des offices qui ne défiguraient en rien le bâtiment, chose assez rare dans ces remaniements d’architecture.

Dans l’intérieur on avait fait graduellement au wigwam des améliorations depuis cette époque qui, en consultant les arts plutôt que la chronologie, peut s’appeler les siècles de ténèbres de l’Otségo. La grande salle avait perdu longtemps auparavant la décoration qui la caractérisait, le bras coupé de Wolf, et l’on y avait substitué un papier gothique, mieux adapté à l’architecture réellement respectable de cet appartement. L’urne censée contenir les cendres de la reine Didon, comme la cruche qui va trop souvent à l’eau, avait été brisée dans une guerre d’extermination déclarée aux araignées par une servante soigneuse. Le vieil Homère avait subi le destin de tout ce qui est argile ; Shakespeare lui-même avait été réduit en poussière, et il ne restait pas un vestige de Washington et de Franklin, tout indigènes qu’ils étaient. Au lieu de ces vénérables monuments du passé, John Effingham,

  1. Voir les Pionniers, chap. III.