Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 16, 1839.djvu/149

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— Je sais que M. Effingham sera fâché de vous voir partir, continua Aristobule, poursuivant son avantage : mais on ne peut toujours renoncer à son plaisir pour celui des autres.

— Je voudrais bien savoir qui est M. Effingham ? s’écria Joé Wart ; s’il veut nous voir jouer à la balle, qu’il arrache ses rosiers ! Allons ! mes amis, allons ! je suis de l’avis de M. Bragg ; suivez-moi tous dans la grande rue.

Ils évacuèrent la pelouse en masse, et Aristobule rentrant dans la maison tout joyeux, alla trouver M. Effingham, qui attendait son retour avec patience dans la bibliothèque.

— Je suis charmé d’avoir à vous apprendre, Monsieur, que les joueurs de balle ont quitté la pelouse. Quant à M. Lather, il refuse votre proposition.

— Refuse ma proposition !

— Oui, Monsieur. Son idée est que s’il peut venir chez vous pour vous couper les cheveux, vous pouvez tout aussi bien aller chez lui pour vous les faire couper ; et, tout bien considéré, il préfère ne pas entreprendre cette besogne.

— Je regrette, Monsieur, de vous avoir laissé vous charger d’une commission si désagréable, d’autant plus que ce perruquier paraît disposé à l’impertinence.

— Pas du tout, Monsieur ; M. Lather est un fort brave homme à sa manière, et particulièrement bon voisin. À propos, il m’a prié de vous demander de lui permettre de faire une brèche à la haie de votre jardin pour porter du fumier sur son champ de pommes de terre qui en a le plus grand besoin, à ce qu’il dit.

— Sans contredit, Monsieur. Comment pourrais-je lui refuser de faire passer son fumier, même à travers ma maison, s’il le désirait ? C’est un citoyen si estimable et un si bon voisin ! Je suis seulement surpris de la modestie de sa demande.

M. Effingham se leva, sonna Pierce, et se retira dans sa chambre, ne sachant trop, d’après tout ce qu’il avait déjà vu, s’il était réellement dans ce Templeton qu’il avait connu dans sa jeunesse, et si sa maison lui appartenait ou non.

Quant à Aristobule, qui dans tout ce qui s’était passé ne voyait rien qui fût contraire aux règles ou à ses idées de convenance, il se hâta de retourner chez le perruquier qui paraissait ignorer si complètement les premiers devoirs de son métier, pour lui dire qu’il était libre de faire une brèche dans la haie de M. Effingham pour le transport de son fumier.