Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 16, 1839.djvu/157

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dit M. Howel en se mouchant pour cacher quelques larmes qui voulaient sortir de ses yeux. Je pensais aller à New-York pour vous voir ; mais la distance est grande, et à mon âge c’est une affaire sérieuse. Vous paraissez fort bien soutenir le vôtre, Messieurs.

— Et pourtant nous sommes tous deux plus vieux que vous de quelques mois, Howel ; ce qui ne nous a pas empêchés de parcourir toute cette distance pour venir vous voir, dit M. Effingham.

— Oui, vous êtes de grands voyageurs, de très-grands voyageurs, et vous êtes habitués au mouvement. Vous avez été jusqu’à Jérusalem, à ce que j’ai entendu dire.

— J’ai passé par ses portes, mon bon ami, dit John Effingham, et j’aurais bien voulu que vous fussiez avec moi. Un tel voyage aurait pu vous guérir de la maladie du pays.

— Je suis fixé ici à fer et à clous, et je ne m’attends plus à me trouver jamais sur l’Océan. À une certaine époque, j’avais pensé qu’un tel événement pourrait arriver, mais à présent j’ai renoncé à tout espoir à ce sujet. Eh bien ! miss Ève, de tous les pays que vous avez vus, auquel donnez-vous la préférence ?

— Je crois que l’Italie est celui qui obtient le plus de suffrages, répondit Ève avec un sourire amical mais il se trouve de belles choses presque dans tous les pays.

— L’Italie ! — Eh bien ! cela m’étonne beaucoup. Je ne savais pas qu’il y eût quelque chose de particulièrement intéressant en Italie. Je m’attendais à vous entendre dire que vous préfériez l’Angleterre.

— L’Angleterre est certainement aussi un beau pays ; mais il lui manque bien des avantages dont jouit l’Italie.

— Et quoi ? demanda M. Howel, changeant ses jambes d’un genou sur l’autre, afin de se placer dans une position plus convenable pour écouter et faire des objections au besoin. Que peut posséder l’Italie que l’Angleterre ne possède à un degré supérieur ?

— Ses souvenirs, et tout l’intérêt que le temps et de grands événements jettent sur un pays.

— Et l’Angleterre manque-t-elle de souvenirs et de grands événements ? N’y a-t-il pas dans ce pays le conquérant, et si vous le voulez le roi Alfred ? — la reine Élisabeth et Shakespeare ? — Songez à Shakespeare, ma chère miss Effingham ! — Et sir Walter Scott, et la conspiration des poudres, — Olivier Cromwell, l’abbaye de Westminster, le pont de Londres et George IV, —