Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 16, 1839.djvu/176

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

où il vient faire profession d’humilité et de repentir, se placer avec orgueil et ostentation, comme s’il était tout gonflé de son importance.

— Vous conviendrez, monsieur Effingham, dit Aristobule, que les églises ont été bâties pour la convenance publique, comme M. Dodge l’a si bien remarqué.

— Non, Monsieur ; elles sont bâties pour le culte de Dieu, comme ma fille l’a si bien remarqué.

— Je vous l’accorde aussi, Monsieur.

— Monsieur Bragg place sans doute la convenance publique en seconde ligne, dit John Effingham, parlant pour la première fois, et avec ce ton caustique qui lui était ordinaire.

Ève se retourna et jeta les yeux sur son cousin. Il était debout devant la table, les bras croisés, et l’expression de ses beaux traits était celle du sarcasme et du mépris.

— Cousin John, cela ne doit pas être.

— Cousine Ève, cela sera néanmoins.

— Certainement non. On ne peut jamais oublier les apparences au point de faire du temple de Dieu un théâtre où la convenance des spectateurs est le seul grand objet qu’on doive avoir en vue.

— Vous avez voyagé, Monsieur, dit John en s’adressant particulièrement à M. Dodge, et vous avez dû entrer dans des édifices consacrés au culte dans d’autres parties du monde. La manière dont toutes les classes, riches et pauvres, grands et petits, s’agenouillent avec la même humilité devant l’autel, ne vous a-t-elle pas frappé comme étant aussi belle que simple, — et particulièrement dans les pays catholiques ?

— Non certainement, monsieur John Effingham. J’ai été dégoûté de la bassesse de leurs rites, et véritablement choqué de la manière abjecte dont les hommes se mettent à genoux sur des pierres froides et humides, comme s’ils étaient des mendiants.

— Et n’étaient-ils pas des mendiants ? demanda Ève d’un ton presque sévère. Ne devaient-ils pas se considérer comme tels, quand ils venaient implorer la merci d’un Dieu éternel et tout puissant ?

— Enfin, miss Effingham, le peuple doit avoir l’ascendant ; et il est inutile de lui dire qu’il n’aura pas les plus hautes places à l’église comme dans l’État. Je ne vois réellement aucune raison pour qu’un ministre soit élevé au-dessus de ses paroissiens. Les églises du nouvel ordre consultent la convenance publique, et