Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 16, 1839.djvu/192

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sa fille, comme il le faisait toujours, avec un tendre intérêt et quand elle eut fini son récit, il l’embrassa, et lui dit de ne pas regarder comme possible ce qu’elle paraissait craindre si sérieusement.

— Mais mon cousin John ne badinerait pas avec moi sur un pareil sujet, mon père, répliqua-t-elle. Il sait quel prix j’attache à la moindre chose qui rappelle d’anciennes affections.

— Nous pouvons prendre des informations sur cette affaire, si vous le désirez, mon enfant. Sonnez, s’il vous plaît.

Pierce entra, et il fut chargé de prier M. Bragg de venir dans la bibliothèque. Aristobule arriva. Il n’était nullement de bonne humeur ; car il était très-mécontent de ne pas avoir été invité à faire partie de la promenade sur le lac, croyant avoir droit de partager tous les amusements des autres. Cependant, il eut assez d’empire sur lui-même pour ne pas faire paraître son mécontentement.

— Je désire savoir, Monsieur, dit M. Effingham sans autre préface, s’il peut y avoir quelque méprise sur le droit de propriété à la pointe de pêche sur la rive occidentale du lac.

— Certainement non, Monsieur, elle appartient au public.

Les joues de M. Effingham s’enflammèrent ; il parut surpris, mais il resta calme.

— Le public ! Affirmez-vous sérieusement, Monsieur, que le public prétende réclamer cette pointe ?

— La réclamer, monsieur Effingham. Depuis que j’habite ce comté, je n’ai jamais entendu contester le droit du public sur cette pointe.

— Votre séjour dans ce comté ne remonte pas à une date fort ancienne, Monsieur, et il est possible que vous vous trompiez. J’ai quelque curiosité de savoir de quelle manière le public a acquis ses droits sur cette pointe. Vous êtes homme de loi, monsieur Bragg, et vous pouvez m’en rendre un compte intelligible.

— Votre père la lui a donnée de son vivant, Monsieur tout le monde ici vous le dira.

— Croyez-vous, monsieur Bragg, qu’il y ait ici quelqu’un qui voulût prêter serment de ce fait ? Vous savez qu’il faut des preuves, même pour obtenir justice.

— Je doute fort, Monsieur, qu’il se trouve quelqu’un qui refusât d’en prêter serment. C’est la tradition générale de tout le comté ; et, pour vous parler franchement, il y a ici un peu de mé-