Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 16, 1839.djvu/203

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Effingham ; mais, puisque vous l’exigez, il faut le remplir. La première résolution qu’ils ont prise est que feu votre père avait l’intention de donner la pointe au public.

— Cette résolution doit décider l’affaire. Elle détruit toutes les résolutions de mon père sur le même sujet. Mais se sont-ils arrêtés à la pointe, monsieur Bragg ? n’ont-ils pas aussi pris une résolution portant que feu mon père avait intention de donner au public sa femme et ses enfants ?

— Non, Monsieur ; il n’a rien été dit sur cet objet.

— Je ne puis trop exprimer ma reconnaissance de leur modération ; car ils avaient autant de droit de prendre cette résolution que la première.

— Le pouvoir du public est redoutable, monsieur Effingham.

— Oui, Monsieur ; mais heureusement celui de la République l’est encore davantage, et je compte sur son appui en cette crise. — Crise, n’est-il pas le mot d’usage, John ?

— Qu’il y ait un changement d’administration, qu’une diligence vienne à verser, ou qu’un cheval de charrette meure, tout cela est également une crise dans le vocabulaire américain, Édouard.

— Eh bien ! monsieur Bragg, après avoir adopté la résolution qu’ils connaissent les intentions de mon père mieux qu’il ne les connaissait lui-même, comme le prouve la méprise qu’il a faite dans son testament, qu’ont-ils fait de plus dans la plénitude du pouvoir du public ?

— Ils ont pris une seconde résolution portant qu’il était de votre devoir d’exécuter les intentions de votre père.

— À cet égard, nous sommes parfaitement d’accord, et le public le découvrira très-probablement avant la fin de cette affaire. C’est une des plus pieuses résolutions que j’aie jamais vu prendre par le public. En ont-ils adopté encore quelque autre ?

Malgré sa longue habitude de basse déférence pour les hommes qu’il était accoutumé à appeler le public, M. Bragg avait pour les principes et le caractère de M. Effingham un respect que nul sophisme, nul encouragement dans les pratiques de confusion sociale ne pouvaient vaincre, et il hésita un instant à lui communiquer la résolution suivante. Mais voyant que M. Effingham et son cousin attendaient qu’il parlât, il fut obligé de faire taire ses scrupules et de s’expliquer clairement.

— Je suis fâché d’être obligé d’ajouter, monsieur Effingham,