Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 16, 1839.djvu/246

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naire en remettant à Paul les réponses aux lettres n° 2 et n° 3. Le monde est plein de ces aventuriers infortunés, et je croirais qu’il s’agit d’Anglais, d’après un mot ou deux que vous trouverez dans cette épître honnête et consciencieuse. De fortes distinctions artificielles, sociales et politiques, rendent peut-être des expédients de cette nature plus fréquents en Angleterre que dans tout autre pays. La jeunesse est la saison des passions, et bien des hommes, dans la légèreté de cet âge, se préparent des regrets amers pour toute leur vie.

John Effingham, en levant les yeux pour remettre cette pièce à son compagnon, s’aperçut que les couleurs des joues de celui-ci étaient devenues plus foncées, et que sa rougeur s’étendait jusqu’à son front. D’abord un soupçon désagréable se présenta à son esprit, et il l’admit avec regret ; car Ève et son bonheur futur se rattachaient intimement au caractère et à la conduite de ce jeune homme dans son imagination. Mais quand il vit Paul prendre le papier d’une main ferme, un effort sur lui-même l’ayant mis en état de vaincre une émotion pénible, la dignité calme avec laquelle il en fit la lecture dissipa tous ses soupçons. Ce fut en ce moment que John Effingham se rappela qu’il avait cru autrefois que Paul lui-même pouvait être le fruit d’une imprudence semblable à celle qu’il venait de condamner. La commisération prit sur-le-champ la place de la première impression, et il était tellement absorbé dans ces idées, qu’il n’avait pas encore pris la lettre suivante quand Paul mit sur la table celle qu’il venait de lire.

— Cette lettre, Monsieur, semble annoncer une de ces pénibles histoires de passion effrénée et de leurs suites funestes, dit le jeune homme avec un ton de fermeté qui paraissait indiquer qu’il ne pouvait avoir aucun rapport personnel avec aucun événement d’une nature si désagréable ; — continuons notre examen.

Ces signes de tranquillité d’âme encouragèrent John Effingham, et il lut tout haut les lettres suivantes, de sorte que tous deux en même temps apprirent ce qu’elles contenaient. Ils en lurent ainsi sept à huit qui ne leur apprirent guère autre chose que le fait que l’enfant qui était le sujet de toute cette correspondance, devait être reçu par Pierre Dowse et sa femme, et être élevé comme le leur, moyennant une somme considérable, et indépendamment, d’une pension annuelle qui leur serait payée. Ces lettres apprenaient aussi que cet enfant, qu’on avait l’hypocrisie de désigner sous le nom du « favori », avait été réellement placé sous la garde