Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 16, 1839.djvu/306

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— Oui, Monsieur, oui ; — c’est précisément cela, — c’est ce qu’ils nous ont dit dans le temps. — Ils avaient fait une voie d’eau, et ils n’avaient pu la boucher. Je suis David, Monsieur. — Je crois que vous ne pouvez avoir oublié David.

Le brave capitaine était très-disposé à satisfaire l’air innocent d’importance que se donnait cet étranger, quoique, pour dire la vérité, il ne se souvînt pas plus d’avoir connu David passager à bord de l’Aurore, que David roi des Juifs.

— Oh ! David, s’écria-t-il d’un ton cordial, êtes-vous donc David ? Eh bien ! je ne m’attendais pas à vous revoir en ce monde, quoique je n’aie jamais douté que je ne vous retrouvasse dans un autre. J’espère que vous vous portez bien, David ? Quelle sorte de temps avez-vous eu depuis que nous ne nous sommes vus ? Si je m’en souviens bien, vous avez gagné votre passage en travaillant à la manœuvre ?

— Je vous demande pardon, Monsieur ; je n’avais jamais été sur mer avant ma première traversée, et je n’appartenais pas à l’équipage j’étais passager.

— Je m’en souviens à présent ; vous étiez passager de l’avant, dit le capitaine, qui voyait alors clair devant lui.

— Point du tout, Monsieur ; j’étais passager de chambre.

— De chambre ! répéta le capitaine, qui ne voyait dans tout l’extérieur de cet homme rien qui annonçât un passager de chambre. — Ah ! je comprends vous voulez dire de l’office.

— Précisément, Monsieur. Vous pouvez vous rappeler mon maître ; il occupait seul la chambre à main gauche, et j’avais celle tenant à l’office. — Vous vous souvenez de mon maître, Monsieur ?

— Sans doute, et c’était un excellent compagnon. J’espère que vous demeurez encore avec lui ?

— Dieu vous protège ! Monsieur. Il y a longtemps qu’il est mort.

— Ah ! je me souviens de l’avoir entendu dire dans le temps.

— Eh bien ! David, j’espère que si vous traversez de nouveau la mer, nous serons encore compagnons de voyage. Nous n’étions alors que des commençants, mais à présent nous avons des navires à bord desquels on peut vivre. Bonne nuit.

— Vous souvenez-vous de Dowe, Monsieur ; un de ceux que vous avez sauvés du naufrage ? continua l’étranger, qui ne paraissait pas disposé à finir si tôt son bavardage ; c’était un homme à teint basané, et très-marqué de la petite-vérole. Je crois que