est omise donnant un sens diamétralement contraire à celui qu’elle présente sous les ciseaux du critique.
— Je conviens que cela a quelque vraisemblance.
— Remarquez ensuite que la dernière phrase du même alinéa, phrase qui a un rapport direct au point en question, est changée de place ; qu’on l’a fait paraître comme faisant partie d’un autre alinéa, ce qui lui donne un sens tout différent de celui que l’auteur a positivement exprimé.
— Sur ma parole, je ne puis dire que vous n’ayez pas raison.
— Eh bien ! monsieur Howel, nous avons eu des traits d’esprit qui n’étaient pas des perles de la plus belle eau ; de l’ignorance quant aux faits, des méprises dans les assertions les plus positives ; dans quelle catégorie, comme dirait le capitaine Truck placez-vous ce que vous venez de lire ?
— C’est littéralement une fraude, dit John Effingham ; et l’homme qui l’a commise est essentiellement un coquin.
— Je crois que ces faits ne peuvent être contestés, dit mistress Bloomfield en jetant sur la table avec un air de mépris la Revue favorite de M. Howel ; et je dois dire que je n’aurais pas cru qu’il fût nécessaire aujourd’hui de prouver le caractère général de cette Revue à aucun Américain doué d’une intelligence ordinaire, et encore moins à un homme aussi sensé que monsieur Howel.
— Mais, Madame, répliqua l’opiniâtre M. Howel, il peut y avoir beaucoup de vérité et de justice dans le reste de l’article, quoiqu’il s’y trouve quelque méprise.
— Avez-vous jamais été membre d’un jury, Howel ? demanda John Effingham avec son ton caustique.
— Très-souvent, et même du grand jury.
— Eh bien ! le juge ne vous a-t-il jamais dit que lorsqu’un témoin est convaincu de mensonge sur un point, son témoignage est inadmissible sur tous les autres ?
— Cela est vrai ; mais il s’agit ici d’une Revue et non d’un jugement.
— La distinction est certainement très-bonne, dit mistress Bloomfield en riant ; car rien ne peut être en général plus différent d’une Revue qu’un jugement équitable.
— Mais je crois que vous conviendrez, ma chère dame, que la critique de cet écrivain est sévère, mordante ; je ne crois pas avoir lu rien de plus piquant de ma vie.
— Elle ne contient que des épithètes, monsieur Howel, et c’est