CHAPITRE XXVII.
e lendemain matin, Paul et Ève étaient seuls dans cette bibliothèque
qui avait été longtemps la scène de tous les entretiens
confidentiels de la famille Effingham. Ève avait pleuré, et les yeux
de Paul laissaient même voir qu’il avait été agité par de vives
émotions. Cependant le bonheur brillait sur la physionomie de
chacun d’eux ; et les coups d’œil timides, mais affectueux, par
lesquels notre héroïne répondait aux regards passionnés de son
amant, n’annonçaient aucune méfiance de son bonheur futur. Sa
main était dans celle de Paul, et il la portait souvent à ses lèvres
pendant le cours de leur conversation.
— Cela est si merveilleux, s’écria Ève après un de ces intervalles de silence pendant lesquels l’un et l’autre se livraient à leurs réflexions, que je puis à peine croire que je suis éveillée. Que vous, Blunt, Powis, Assheton, vous vous trouviez enfin un Effingham !
— Et que moi, qui me suis si longtemps cru orphelin, j’aie retrouvé un père vivant, et un père comme M. John Effingham !
— J’ai souvent pensé qu’il y avait un poids au fond du cœur de mon cousin John. — Vous m’excuserez, Paul, mais il me faut du temps pour apprendre à lui donner un autre nom.
— Appelez-le toujours ainsi, ma chère Ève ; car je suis certain qu’il serait fâché de trouver en vous le moindre changement. Il est toujours votre cousin John.
— Il peut quelque jour devenir tout à coup mon père, comme il est devenu le vôtre, Powis, répliqua Ève jetant un regard malin sur les joues animées du jeune homme ; et alors « cousin John » pourrait être une expression trop familière, trop peu respectueuse.
— Vos droits sur lui sont tellement plus forts que les miens, que je crois que lorsque cet heureux jour arrivera, il sera transformé en mon cousin John, au lieu de devenir votre père. Mais