Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 16, 1839.djvu/395

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qui désirent savoir où est le bâtiment sont obligés d’attendre que les observations aient été prises, ou de rester dans leur ignorance. Toute la difficulté vient du fait que, dans ce pays, les gens sensés vivent tellement séparés les uns des autres, que les sots ont une chance plus qu’égale. — Vous me comprenez, commodore.

— Précisément, répondit le vieux pêcheur en clignant de l’œil. Eh bien ! il est heureux qu’il se trouve quelques individus qui n’ont pas l’esprit aussi faible que les autres. Je suppose que vous serez présent à ce mariage, capitaine Truck ?

Le vieux marin cligna de l’œil à son tour ; il regarda autour de lui pour être sûr que personne ne pouvait l’entendre et appuyant un doigt le long de son nez, il répondit d’un ton beaucoup plus bas que de coutume :

— Je sais que vous pouvez garder un secret, commodore ; or, ce que j’ai à vous dire ne doit pas être répété à mistress Abbot, pour être publié comme à son de trompe. C’est un secret qu’il faut garder avec le même soin que les amorces qui sont dans votre boîte.

— Vous connaissez votre homme, Monsieur.

— Eh bien ! demain matin, dix minutes avant neuf heures, glissez-vous dans la galerie de la nouvelle église de Saint-Paul, et vous verrez la beauté et la modestie, qui ne sont jamais plus ornées que quand elles sont sans ornements. Vous comprenez ?

— Précisément. — Et il fit un geste du bras encore plus énergique que de coutume.

— Il ne nous convient pas à nous autres vieux garçons de montrer trop d’indulgence pour le mariage ; mais je ne serais pas heureux si je n’étais pas témoin de celui de Paul et d’Ève Effingham.

En ce moment, les deux amis reprirent du poil de la bête, comme le dit le capitaine Truck ; et leur conversation devint ensuite trop philosophique et trop grave pour cette humble relation d’événements et d’idées.