Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 17, 1840.djvu/280

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le, premier ou le dernier de ses officiers. D’ailleurs, comment pouvez-vous connaître les désirs de Lundie sur un pareil sujet ?

— De sa propre bouche. Le sergent lui avait dit qu’il désirait m’avoir pour gendre, et le major, étant un ancien et un véritable ami, m’a parlé franchement à ce sujet, et m’a demandé en propres termes s’il ne serait pas plus généreux à moi de laisser un officier réussir auprès de vous, que de chercher à vous faire partager la fortune d’un chasseur. J’avouai qu’il avait raison, — mais quand il me dit qu’il s’agissait du quartier-maître, je ne voulus pas y consentir. Non, non, Mabel ; je connais parfaitement David Muir, et quoiqu’il puisse faire de vous une dame, il n’en fera jamais une femme heureuse. Je vous parle pour votre intérêt seul, car je vois clairement à présent que le sergent a fait une méprise.

— Mon père en a commis une très-grande, s’il a dit ou fait quelque chose qui puisse vous causer de la peine, Pathfinder ; et j’ai pour vous une si grande estime et une amitié si sincère que sans une seule… je veux dire que personne ne doit craindre que le lieutenant Muir ait la moindre influence sur moi. J’aimerais mieux rester ce que je suis jusqu’au dernier jour de ma vie, que de devenir une dame au prix d’un mariage avec lui.

— Je ne crois pas que vous disiez ce que vous ne pensez pas, Mabel.

— Particulièrement dans un tel moment, sur un pareil sujet, et surtout en vous parlant, Pathfinder. Non ; que le lieutenant Muir cherche des femmes où il pourra, mon nom n’en grossira jamais la liste.

— Je vous en remercie, Mabel, je vous en remercie ; car quoiqu’il n’y ait plus d’espoir pour moi, je ne serais jamais heureux si vous épousiez le quartier-maître. Je craignais que son grade ne pût compter pour quelque chose à vos yeux ; oui, je le craignais, car je connais l’homme. Ce n’est pas la jalousie qui me fait parler ainsi, c’est la vérité. Je vous dis que je connais l’homme. Si vous vous preniez de fantaisie pour un jeune homme qui le méritât, comme Jasper Western, par exemple…

— Pourquoi toujours parler de Jasper, Pathfinder ? il n’a rien de commun avec notre amitié. Parlons de vous, et de la manière dont vous avez dessein de passer l’hiver.

— Parler de moi, Mabel ! je n’ai jamais été bon à grand-chose ; si ce n’est à suivre une piste, ou à tirer un coup de carabine ; et