Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 17, 1840.djvu/317

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votre jeunesse, et qui vous donne, à un âge plus avancé, les soins que vous désirez prendre de moi.

— Et croyez-vous, mon père, — dit Mabel avec un sourire malin, tandis que ses petites mains jouaient avec les doigts nerveux du sergent, comme s’ils eussent été un objet d’immense intérêt, — et croyez-vous que Pathfinder soit précisément l’homme qui convient pour cela ? N’est-il pas, à dix ou douze ans près, aussi âgé que vous ?

— Qu’importe ! il a passé sa vie dans la modération et l’exercice, et les années ne sont rien au près d’une bonne constitution. Connaissez-vous un autre homme qui puisse devenir votre protecteur ?

Mabel n’en connaissait aucun, aucun du moins qui lui eût fait la proposition de l’être, quoi qu’elle pût elle-même désirer et espérer.

— Nous ne parlons que de Pathfinder, — répondit-elle en éludant cette question ; — s’il était plus jeune, je crois qu’il serait plus naturel que je songeasse à lui pour mari.

— Je vous dis que c’est à sa constitution qu’il faut songer. De ce côté, Pathfinder est plus jeune que la moitié de nos sous-officiers.

— Plus jeune certainement que le lieutenant Muir, — dit Mabel en riant comme une jeune fille qui n’a aucun souci.

— Oui, sans doute, assez jeune pour être son-petit-fils ; mais il est aussi plus jeune en comptant les années. À Dieu ne plaise, Mabel, que vous soyez jamais la femme d’un officier, du moins jusqu’à ce que vous soyez une fille d’officier.

— Il n’y a pas de danger que j’aie jamais un officier pour mari, si j’épouse Patfinder, mon père, — dit Mabel en regardant le sergent d’un air malin.

— En vertu d’une commission du roi, non peut-être ; mais il est à la tête de la profession, et l’ami et le compagnon des généraux. Je crois que je mourrais heureux si vous étiez sa femme, Mabel.

— Mon père !

— C’est une triste chose que de marcher au combat, quand l’idée qu’on peut laisser une fille sans protection vous pèse sur le cœur.

— Je donnerais tout au monde pour alléger le vôtre d’un tel poids, mon père.

— Vous le pourriez, — dit le sergent en regardant sa fille avec