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LE LAC ONTARIO.

rendait d’une finesse extrême, l’assuraient qu’un être vivant n’était plus qu’à quelques pouces au-dessous de l’ouverture du plancher ; puis vint le témoignage de ses yeux, qui virent la peau rouge et les traits d’un Indien s’élevant si lentement au-dessus de la trappe, que les mouvements de la tête pouvaient être comparés à ceux de l’aiguille à minutes d’une pendule ; et enfin la face cuivrée se montra en entier. Il est rare que le visage humain paraisse à son avantage lorsqu’il est caché en partie, et l’imagination de Mabel lui persuadait qu’elle voyait quelque chose d’horrible à mesure que la physionomie sauvage se révélait peu à peu ; mais lorsque la figure se découvrit tout entière, un second et un plus sûr regard convainquit notre héroïne qu’elle voyait le doux, l’inquiet et même le beau visage de Rosée-de-Juin.


CHAPITRE XXII.


« Quoique je sois spectre, je ne suis envoyé ni pour t’effrayer ni pour te tromper ; je viens pour récompenser ta fidélité. »
Wordsworth.

Il serait difficile de dire qui fut la plus contente quand Mabel se relevant à la hâte parut au milieu de la chambre, ou notre héroïne en trouvant que son visiteur était la femme d’Arrowhead et non Arrowhead lui-même, ou Rosée-de-Juin en voyant que son avis avait été suivi et que le fort contenait la personne qu’elle avait cherchée avec tant d’anxiété et presque sans espérance. Elles s’embrassèrent, et l’enfant de la nature rit doucement en passant ses bras autour de la taille de son amie, comme pour mieux s’assurer de sa présence.

— Fort être bon, — dit la jeune Indienne, — porte fermée ; point de chevelures.

— Il est bon à la vérité, Rosée-de-Juin, — répondit Mabel en