Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 17, 1840.djvu/370

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

je maudis bien sincèrement le jour où vous et moi nous avons vu cette mare d’eau douce.

— Mais, mon oncle, votre existence est-elle en danger ? Pensez-vous que je doive ouvrir la porte ?

— Un tour mort et deux demi-clés font un solide amarrage, et je ne conseillerais pas à ceux qui sont hors des mains de ces démons d’ouvrir aucune porte qui pût leur donner entrée. Quant au quartier-maître et à moi, nous sommes âgés tous les deux, et de fort peu d’importance pour le reste de l’humanité, comme dirait l’honnête Pathfinder ; et ce ne sera pas une grande différence pour M. Muir s’il fait la balance des livres du munitionnaire cette année ou l’année prochaine. Quant à moi, si j’étais à bord d’un navire, je sais ce que j’aurais à faire ; mais dans ce marais désert, tout ce que je puis dire, c’est que si j’étais derrière cette espèce de boulevard, toute la logique indienne ne pourrait pas m’en faire sortir.

— Vous ne ferez aucune attention à ce que dit votre oncle, charmante Mabel, — reprit Muir, — car le malheur a évidemment dérangé rapidement ses facultés intellectuelles, et il est loin de calculer les nécessités de la circonstance. Nous sommes entre les mains d’hommes honorables, il faut l’avouer, et nous n’avons guère lieu de craindre des violences fâcheuses. Ce qui nous est arrivé ne sort pas des chances ordinaires de la guerre, et ne peut altérer nos sentiments à l’égard de l’ennemi, car rien n’annonce qu’aucune injustice sera faite aux prisonniers. Je suis convaincu que maître Cap et moi nous n’avons en aucun sujet de mécontentement depuis que nous nous sommes rendus à maître Arrowhead, qui me rappelle les Romains et les Spartiates, par ses vertus et sa modération ; mais vous vous rappellerez aussi que nos usages sont différents, et qu’il peut envisager nos chevelures comme un sacrifice légal, pour apaiser les mânes des ennemis qui ont succombé, à moins que vous ne les sauviez par capitulation.

— J’agirai plus sagement en restant dans le fort jusqu’à ce que le sort de l’île soit décidé, — répondit Mabel. — Nos ennemis ne peuvent s’inquiéter beaucoup d’une jeune fille comme moi, qui ne peut leur faire aucun mal. Je préfère de beaucoup rester ici, ce qui est plus convenable pour une personne de mon sexe et de mon âge.

— Si vos convenances seules étaient consultées dans tout cela,