Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 17, 1840.djvu/416

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beaucoup à entretenir la paix. Cap s’imagina avoir fait une plaisanterie fort au-dessus du commun, et cela le disposa à céder sur le point principal, pourvu que ses compagnons voulussent bien admettre ses nouvelles prétentions à être un bel esprit.

Après une courte discussion, tous les sauvages de l’île furent réunis en masse à la distance d’environ cinquante toises du fort et sous le feu de l’obusier du Scud ; alors Pathfinder sortit du fort, et dicta les conditions auxquelles l’île devait être finalement évacuée par l’ennemi. En considérant toutes les circonstances, ces conditions n’étaient désavantageuses à aucun des deux partis. Les Indiens reçurent l’ordre de remettre toutes leurs armes, y compris leurs couteaux et leurs tomahawks, comme mesure de précaution, leurs forces étant quatre fois plus considérables que celles de leurs adversaires. L’officier français, M. Sanglier, ainsi qu’on l’appelait ordinairement et qu’il se nommait lui-même, protesta contre cette condition, qui, disait-il, entachait son commandement plus qu’aucune autre partie de cette affaire ; mais Pathfinder, qui avait été témoin d’un ou deux massacres indiens, et qui connaissait la valeur des promesses des sauvages lorsqu’elles étaient opposées à leurs intérêts, tint bon. La seconde stipulation ne fut pas moins importante ; elle exigeait que le capitaine Sanglier rendit tous ses prisonniers qui avaient été gardés dans le même trou où Cap et Muir avaient cherché un refuge. Lorsque ces hommes furent amenés, on s’aperçut que quatre d’entre eux n’étaient nullement blessés. Ils s’étaient jetés à terre pour sauver leur vie, artifice très-commun dans ce genre de guerre. Deux autres étaient si légèrement blessés qu’ils pouvaient continuer leur service. Comme ils apportèrent leurs mousquets, cette addition de force procura un grand soulagement à Pathfinder. Ayant réuni toutes les armes des ennemis dans le fort, il envoya ses soldats prendre possession du fort et posa une sentinelle à la porte. Les autres étaient morts, ceux qui avaient été dangereusement blessés ayant été achevés au moment même par les sauvages impatients de s’emparer de leurs chevelures.

Aussitôt que Jasper fut instruit des conditions, et que les préliminaires furent assez avancés pour pouvoir s’absenter sans danger, il dirigea le Scud vers la pointe où les bateaux s’étaient arrêtés ; il les prit à la remorque, et courant quelques bordées, il les amena dans le passage sous le vent. Là, tous les sauvages