Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 18, 1841.djvu/106

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— Nous comprenons, señor Colon, dit le prélat, que, si vous étiez soutenu par le pouvoir et l’autorité de Leurs Altesses, votre dessein serait d’entreprendre un voyage dans la partie inconnue de l’Atlantique, pour y chercher le pays de Cathay et l’île célèbre de Cipango.

— Tel est mon projet, saint et illustre prélat. Il a été si souvent question de cette affaire entre les agents des deux souverains et moi, qu’il est presque inutile de développer mes vues en ce moment.

— Je sais que l’affaire a été pleinement discutée à Salamanque, que plusieurs doctes ecclésiastiques ont adopté votre opinion, mais que la majorité a été d’un avis contraire. Cependant le roi notre maître et la reine notre maîtresse sont disposés à envisager favorablement ce dessein, et nous avons reçu ordre d’en régler toutes les conditions préliminaires, et de déterminer les droits respectifs des parties. Quelle force demandez-vous donc en navires et en équipements pour arriver au grand but qu’avec la grâce de Dieu vous espérez atteindre ?

— Vous avez raison, señor archevêque, c’est par la grâce de Dieu et sous sa protection spéciale que j’espère réussir ; car le succès tournera à sa gloire et augmentera le nombre des chrétiens. Avec un appui si puissant, je n’ai besoin que de peu de secours en ce monde. Deux légères caravelles sont tout ce que je demande, avec la permission d’arborer le pavillon des souverains, et un nombre suffisant de marins.

Les commissaires se regardèrent avec surprise, et tandis que les uns voyaient dans une demande si modeste l’enthousiasme inconsidéré d’un visionnaire, les autres y découvraient la ferme confiance de la certitude.

— Ce n’est certainement pas trop demander, dit le prélat, qui était du nombre des premiers, et quoique la guerre n’ait laissé à la Castille qu’un trésor épuisé, nous pourrions satisfaire à cette demande sans l’aide d’un miracle. On pourrait donc trouver les caravelles et lever les marins, mais il y a d’autres points qu’il faut régler présentement. Vous entendez sans doute que le commandement de l’expédition vous soit confié ?

— Sans cela, je ne pourrais être responsable du succès. Je demande la pleine et entière autorité d’un amiral ou d’un commandant des forces navales de Leurs Altesses. Les moyens employés seront peu de chose en apparence, mais les risques seront grands,