Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 18, 1841.djvu/118

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CHAPITRE VIII.


Oh ! c’est ainsi que depuis ma première enfance, j’ai toujours vu se flétrir mes plus chères espérances. Je n’ai jamais aimé une fleur, un arbrisseau, sans qu’ils fussent les premiers à périr.
F. Moore. Lalla Rookh.



On était aux premiers jours de février, et, sous cette latitude, le temps commençait à devenir doux et ressemblait au printemps. Dans l’entrevue rapportée à la fin du chapitre précédent, sept ou huit individus, attirés par la beauté de la journée, et moralement entraînés par un motif plus élevé, étaient réunis devant la porte d’une de ces maisons de Santa-Fé qui avaient été construites pour loger l’armée pendant le siège de Grenade. La plupart de ces Espagnols étaient des hommes graves d’un certain âge ; cependant le jeune Luis de Bobadilla en faisait partie, et l’on distinguait aussi dans ce groupe la haute taille et le maintien plein de dignité de Colomb. Ce dernier était équipé comme pour se mettre en voyage, et un mulet andalous vigoureux, prêt à lui servir de monture, était à deux pas. À côté du mulet, on voyait un beau coursier, qui prouvait que celui qui monterait le premier devait avoir un compagnon de voyage. Parmi ces Espagnols on pouvait distinguer Alonzo de Quintanilla, maître général des comptes du royaume de Castille, ami constant du navigateur, et Luis de Saint-Angel, receveur des revenus ecclésiastiques du royaume d’Aragon, un des plus fermes appuis de Colomb, qui l’avait converti à ses opinions en le convainquant de leur exactitude philosophique et de la justesse de ses idées.

Ces deux derniers avaient eu un entretien animé avec le navigateur, mais la discussion était terminée, et le señor de Saint-Angel, qui avait des sentiments généreux et une imagination ardente, s’écria avec chaleur :

— Par le lustre des deux couronnes ! cela ne devait pas se terminer ainsi. Mais, adieu, señor Colon ; que Dieu vous ait en sa sainte garde, et qu’il vous accorde par la suite des juges plus