Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 18, 1841.djvu/176

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tendre sur les conditions aussi bien que vous paraissez l’avoir fait avec notre souveraine doña Isabelle de Transtamare. J’ai eu une conversation avec don… morbleu ! mon excès de politesse finira par devenir un défaut ; je veux dire avec le señor Pédro de Muños que voici ; et comme c’est un jeune homme prudent, et qu’il m’a fait part de son intention de partir avec vous, il m’a monté l’imagination au point que je serais volontiers de la partie. Le señor de Muños et moi nous avons si longtemps voyagé ensemble, que j’aimerais à me trouver encore une fois en sa compagnie sur l’Océan.

— Ce sont de bonnes nouvelles, Martin Alonzo, s’écria le prieur, et votre âme recueillera le fruit de cette pieuse et courageuse résolution, ainsi que les âmes de tous ceux qui vous appartiennent. C’est quelque chose, señor amirante, d’avoir Leurs Altesses de votre côté dans une place comme Palos ; mais c’en est une autre d’avoir pour vous notre digne voisin Pinzon ; car, s’ils sont souverains par la loi, il est roi par l’opinion. Je ne doute pas à présent que les caravelles ne soient bientôt prêtes.

— Puisque vous paraissez réellement résolu à entrer dans notre entreprise, señor Martin Alonzo, dit Colomb avec son air de dignité grave, vous avez, sans doute, réfléchi aux conditions, et vous arrivez préparé à me les faire connaître. Sont-elles à peu près semblables à celles que nous avons déjà discutées ?

— Oui, Señor amirante. Cependant ma bourse en ce moment est un peu plus légère qu’elle ne l’était la dernière fois que nous avons discouru sur ce sujet. Il peut exister quelques obstacles sur ce point ; mais sur tous les autres je ne doute point qu’une courte explication ne nous mette parfaitement d’accord.

— Quant au huitième des frais que je dois fournir, d’après mes conventions avec Leurs Altesses, il y aura moins à insister sur ce point que la dernière fois que nous nous sommes vus, attendu que d’autres moyens peuvent se présenter pour me mettre en état de m’acquitter de cette promesse. — En parlant ainsi, les yeux de Colomb se portèrent involontairement vers le prétendu Pédro, et ceux de Pinzon prirent la même direction avec un air expressif. — Mais il y aura bien des difficultés à surmonter à l’égard de ces sots marins qui se sont laissé épouvanter, et qui pourront céder à votre influence. Si vous voulez entrer avec moi dans cette chambre, nous discuterons sur-le-champ les bases de notre traité, et, pendant ce temps, nous confie-