Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 18, 1841.djvu/246

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le plus au sud-ouest, et elle avait suivi à peu près la route que Colomb comptait suivre tant qu’il serait dans les parages connus de l’Atlantique.

— Avez-vous des nouvelles de l’île de Fer ? demanda Colomb tandis que ce bâtiment passait lentement près de la Santa-Maria, chacun des deux navires ne faisant guère plus d’un mille par heure ; — se passe-t-il quelque chose d’intéressant de ce côté ?

— Est-ce à don Christophe Colomb le Génois, à qui Leurs Altesses ont accordé de si grands honneurs, que je vais répondre ? Si j’en étais sûr, je dirais plus volontiers ce que j’ai vu et entendu, Señor.

— C’est moi qui suis don Christophe, nommé par Leurs Altesses amiral et vice-roi des mers et des terres que nous pourrons découvrir, et Génois de naissance, comme vous venez de le dire, quoique Castillan par devoir et par amour pour la reine.

— En ce cas, noble amiral, je puis vous dire que les Portugais déploient de l’activité, car trois de leurs caravelles sont en ce moment à la hauteur de l’île de Fer, dans l’espoir d’intercepter votre expédition.

— Comment le savez-vous ? Quelles raisons puis-je avoir de supposer que les Portugais osent envoyer des caravelles pour molester des marins qui font voile comme officiers d’Isabelle-la-Catholique ?

— Vous savez sans doute que le Saint-Père a conféré ce titre aux deux souverains, en reconnaissance du service qu’ils ont rendu à l’Église en chassant les Maures de la chrétienté ?

— Ce bruit court dans les îles, Señor, mais les Portugais ne s’inquiéteront guère d’une circonstance semblable, s’ils pensent que leur or soit en danger. En partant de l’île de Fer, j’ai parlé à ces caravelles, et j’ai tout lieu de croire qu’on ne leur fait aucune injustice en leur prêtant les intentions dont je viens de vous parler.

— Sont-elles armées ? prétendent-elles avoir le droit de s’opposer à notre voyage ?

— Les Portugais ne nous ont rien dit qui puisse faire croire à cette intention ; ils nous ont seulement demandé en ricanant si nous avions à bord l’illustre don Christoval Colon, le grand vice-roi de l’est. Quant à leurs préparatifs de guerre, ils avaient un grand nombre de bombardes, et d’hommes portant des casques et des cuirasses. Je doute qu’il y ait aujourd’hui autant de soldats aux Açores que lorsqu’ils en sont partis.