Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 18, 1841.djvu/331

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c’est ma réponse définitive à toute demande semblable à celle que vous avez osé me faire : — Cette expédition a été envoyée par les deux souverains votre maître et votre maîtresse pour traverser toute la largeur de l’océan Atlantique jusqu’à ce qu’elle arrive sur les côtes des Indes. Or, quoi qu’il puisse arriver, leurs grandes espérances ne seront pas déçues. Nous ferons voile à l’ouest, jusqu’à ce que la terre nous arrête. J’attache ma vie à cette détermination. Prenez garde qu’aucun de vous ne mette la sienne en danger par sa résistance aux ordres de nos souverains, ou par sa désobéissance et son manque de respect pour celui qui les représente. Que j’entende encore un murmure, et celui qui en aura été coupable sera puni d’un châtiment signalé. Telle est ma ferme résolution, et craignez tous de vous exposer à la colère de ceux dont le déplaisir est plus redoutable que les dangers imaginaires de l’Océan. — Faites donc bien attention à ce que vous avez à craindre et à espérer. D’un côté vous avez tout à redouter du ressentiment des souverains si vous en venez à des actes de violence pour résister à leur autorité ; ou, ce qui ne vaut pas mieux, vous avez presque la certitude, en vous révoltant contre vos chefs légitimes, de ne pouvoir arriver en Espagne, faute d’eau et de vivres ; il est déjà trop tard pour songer à y retourner. Un voyage à l’est doit durer le double du temps que nous avons mis à venir jusqu’ici, et nos caravelles sentent déjà la diminution du poids de nos provisions ; la terre, et la terre dans ces parages, nous est devenue nécessaire. Maintenant regardez le revers du tableau : devant vous est le Cathay qui vous offre de la gloire, des richesses et des nouveautés de toute espèce, — une contrée plus merveilleuse qu’aucune de celles que l’homme ait habitées jusqu’ici, et occupée par un peuple aussi doux que juste et hospitalier. Ajoutez à cela les récompenses de vos souverains et la gloire dont sera couvert le dernier des matelots, s’il coopère fidèlement avec son commandant au succès de cette expédition.

— Si nous vous obéissons encore trois jours, et que la terre ne se montre pas, promettez-vous de retourner en Espagne ? s’écria une voix dans la foule.

— Non, jamais ! répondit Colomb avec fermeté. Je dois aller aux Indes, et j’irai aux Indes, fallût-il encore un mois pour terminer ce voyage. Retournez donc chacun à votre poste, ou dans vos hamacs, et qu’une pareille conduite ne se renouvelle pas.