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OU LE TUEUR DE DAIMS.

livre sacré, — et puis de vous dire qu’ils désiraient vous voir consentir à leur prêter quelques pirogues, afin de pouvoir amener mon père, Hurry et leurs femmes au château, pour que nous puissions tous nous asseoir sur cette plate-forme et écouter les chants du Manitou des Faces-Pâles. Eh bien ! Judith, avez-vous jamais rien connu qui montrât aussi clairement que cela le pouvoir de la Bible ?

— Si cela était vrai, ce serait un miracle, en vérité, Hetty ; mais tout cela n’est autre chose que ruse indienne et trahison indienne, pour l’emporter sur nous par l’adresse en voyant qu’ils ne peuvent y réussir par la force.

— Doutez-vous de la Bible, ma sœur, pour juger si sévèrement les sauvages ?

— Je ne doute pas de la Bible, pauvre Hetty, mais je doute beaucoup d’un Indien et d’un Iroquois. — Que dites-vous de cette visite, Deerslayer ?

— D’abord, laissez-moi causer un peu avec Hetty. — Ce radeau fut-il fait après votre déjeuner, Hetty ; et en sortant du camp, êtes-vous venue à pied jusqu’au rivage que nous voyons en face de nous ?

— Oh ! non, Deerslayer. Le radeau était tout fait et déjà sur l’eau. — Serait-il possible que ce fût un miracle, Judith ?

— Oui, oui, un miracle indien, répondit le chasseur. — Ils sont assez experts en ces sortes de miracles. — Ainsi, vous trouvâtes le radeau tout fait, à votre disposition, déjà sur l’eau, et attendant sa cargaison ?

— Exactement comme vous dites. Le radeau était près du camp ; les Indiens me mirent dessus, et au moyen de cordes en écorce d’arbre, ils me halèrent jusqu’à l’endroit situé vis-à-vis du château, puis ils dirent à ce jeune homme de m’amener ici en ramant.

— Et les bois sont pleins de vagabonds attendant le résultat du miracle. Nous comprenons maintenant cette affaire, Judith, et je vais d’abord me débarrasser de ce jeune Canadien, suceur de sang. Après cela, nous aviserons au parti que nous devons prendre. Vous et Hetty, laissez-moi seul avec lui ; mais apportez-moi d’abord les éléphants que le Serpent est à admirer ; car nous ne pouvons songer à laisser seul un instant ce jeune vagabond ; autrement, il nous empruntera une pirogue sans en demander la permission.

Judith obéit ; elle apporta d’abord les éléphants, puis elle et sa sœur se retirèrent dans leur chambre. Deerslayer avait acquis quelque connaissance de la plupart des dialectes indiens de cette contrée, et il savait assez l’iroquois pour converser en cette langue. Il fit donc signe au jeune garçon d’approcher, le fit asseoir sur la