Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 2, 1839.djvu/107

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continua le docteur, ils déjouent tous les efforts de la science. Ils sont inutiles dans une bataille, car le point important, c’est de mettre son ennemi hors de combat. Combien de fois, major, après une escarmouche commandée par le capitaine Lawton, ai-je parcouru le champ de bataille dans l’espoir de trouver quelque blessure qu’il serait honorable de guérir ! Mais non rien que des égratignures ou des coups mortels ! Ah ! major Dunwoodie, dans une main sans expérience le sabre est une arme terrible ! Que de temps j’ai perdu pour faire sentir cette vérité au capitaine Lawton !

Le major impatient lui montra son ami en silence, et le docteur, mettant un peu plus de vivacité dans ses mouvements, ajouta :

— Ah ! le pauvre George ! on peut dire qu’il l’a échappé belle, mais…

Il fut interrompu par un exprès qui vint annoncer au major que sa présence était nécessaire sur le champ de bataille. Dunwoodie serra la main de son ami, et fit signe au docteur de le suivre.

— Qu’en pensez-vous ? lui demanda-t-il en entrant dans le corridor ; croyez-vous qu’il guérisse ?

— Il guérira, répondit laconiquement le docteur en tournant sur le talon pour rentrer dans la chambre.

— Dieu soit loué ! s’écria Dunwoodie en descendant l’escalier.

Avant de partir, il entra un instant dans le salon où toute la famille était réunie. Le sourire avait reparu sur ses lèvres, et s’il fit ses compliments à la hâte, ce fut avec cordialité. Il ne parla ni de l’évasion de Henry Wharton, ni de l’événement qui l’avait rendu prisonnier une seconde fois, et il eut l’air de croire que le capitaine était resté où il l’avait laissé avant le combat. Ils ne s’étaient pas rencontrés pendant l’action. Le jeune Wharton se retira près d’une croisée en silence et avec un air de hauteur, et laissa le major s’adresser sans interruption au reste de la famille.

L’agitation qu’avaient produite dans les deux sœurs les événements de cette journée avait fait place à une langueur qui les retenait toutes deux en silence, et ce fut miss Peyton qui adressa la parole au major.

— Y a-t-il quelque espoir que votre ami survive à sa blessure,