Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 2, 1839.djvu/187

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milieu des matières combustibles répandues dans la chambre tout le bois enflammé qui brûlait dans la cheminée ; en un instant tout le bâtiment fut en feu. Allons, allons, dit le chef, maintenant profitons de cette clarté pour gagner les hauteurs.

— Misérable, s’écria l’acquéreur courroucé ; est-ce là votre amitié ? Est-ce ainsi que vous me récompensez de vous avoir livré cet espion ?

— Tu ferais bien de te mettre à l’ombre, si tu as dessein de me parler sur ce ton, dit le chef de la bande, car j’y vois trop clair maintenant pour te manquer. L’instant d’après il exécuta sa menace mais heureusement la balle n’atteignit ni le Spéculateur effrayé, ni la femme de charge non moins épouvantée qui, après avoir possédé quelques instants ce qui lui paraissait une fortune, se trouvait réduite à une pauvreté complète. La prudence les engagea tous deux à faire une prompte retraite, et le lendemain matin il ne restait de la maison du colporteur que la grande cheminée dont nous avons parlé.


CHAPITRE XV.


Des indices légers comme l’air sont pour les jaloux des preuves aussi fortes que si elles étaient tirées de la Sainte-Écriture.
Shakespeare


Le temps, qui avait été doux et beau depuis l’orage, changea alors avec la rapidité ordinaire du climat de l’Amérique. Vers le soir un vent froid descendit des montagnes, et la neige annonça que novembre était arrivé, saison qui fait succéder sans transition les glaces de l’hiver aux ardeurs de l’été. Frances, d’une fenêtre de son appartement, regardait défiler lentement le convoi funéraire avec une mélancolie trop profonde pour n’être causée que par ce spectacle. Il y avait dans le triste devoir que remplissaient son père et son frère quelque chose qui s’accordait avec les idées qui l’occupaient. Tandis que ses regards erraient autour d’elle, elle vit les arbres se courber sous la violence de l’ouragan, et les bâtiments qui ne pouvaient lui offrir une forte résistance en étaient ébranlés. La forêt, que le soleil faisait briller naguère des teintes variées de l’automne, perdait une grande partie de sa beauté, le vent dépouillant les arbres de leurs feuilles qu’il chas-