Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 2, 1839.djvu/205

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nous avons parlé qu’une seule porte et aucune fenêtre, le sergent prudent crut qu’il n’était pas de meilleur local pour y déposer son prisonnier jusqu’au moment de l’exécution.

Plusieurs autres raisons avaient décidé le sergent Hollister à cette résolution. La première était l’absence de Betty Flanagan, étendue devant le feu de la cuisine, rêvant que le corps attaquait un détachement ennemi, et prenant la musique nasale qu’elle produisait elle-même pour les trompettes virginiennes qui sonnaient la charge. Un autre motif était puisé dans les opinions particulières du vétéran sur la vie et la mort, opinions qui lui avaient valu dans tout le corps une réputation de piété exemplaire et de sainteté de vie. Hollister avait plus de cinquante ans, et il y en avait près de trente qu’il avait embrassé la profession des armes. La mort, après s’être montrée à ses yeux si souvent et sous tant de formes, avait produit sur lui un effet tout différent de celui qui est fréquemment la conséquence de semblables scènes. Il était devenu non-seulement le soldat le plus brave de tout le corps, mais le plus digne de confiance ; et le capitaine Lawton l’avait récompensé de sa bonne conduite en le choisissant pour son sergent d’ordonnance.

Il précéda Birch en silence vers la chambre qu’il lui destinait pour prison. En ouvrant la porte d’une main, tandis qu’il tenait une lanterne de l’autre, il éclaira le colporteur qui y entrait. S’étant assis sur un baril qui contenait le breuvage favori de la vivandière, il fit signe à Birch de se placer sur un autre, et mit sa lanterne par terre. Regardant alors gravement son prisonnier, il lui dit :

— Vous avez l’air d’être disposé à faire face à la mort en homme, et je vous ai amené en un lieu où vous pourrez vous livrer aux réflexions convenables, tranquillement et sans être troublé.

— Grand Dieu ! dit Birch en jetant les yeux sur les murs de son cachot, quel lieu pour se préparer à entrer dans l’éternité !

— Quant à cela, reprit Hollister, peu importe en quelle place on se dispose à passer la dernière revue, pourvu qu’on se mette en état de ne pas avoir à craindre la justice sévère de l’officier commandant. J’ai ici un livre dont je ne manque jamais de lire quelques chapitres quand nous sommes à la veille d’avoir un engagement : j’y puise du courage dans le moment du besoin.

À ces mots il tira de sa poche une petite Bible, et la présenta