Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 2, 1839.djvu/304

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devait rester en convalescence. La voiture de M. Wharton, suivie d’un chariot contenant la femme de charge et le bagage transportable qu’on avait pu sauver de l’incendie, continua sa route vers l’endroit où Henry était en prison et attendait l’arrivée de sa famille pour être mis en jugement.

Toute la contrée située entre l’Hudson et le détroit ou bras de mer de Long-Island n’est, pendant les quarante premiers milles, qu’une suite de montagnes et de vallées. De ce dernier côté, le sol s’abaisse et se nivelle peu à peu pour former les belles plaines du Connecticut ; mais sur les bords de l’Hudson, il conserve son caractère sauvage, jusqu’à ce qu’on arrive à cette formidable barrière de montagnes où se terminait ce qu’on appelait alors le Territoire Neutre. L’armée royale occupait les deux points qui commandaient l’entrée de la rivière dans ces montagnes du côté du sud, mais les Américains étaient maîtres de toutes les autres positions.

Nous avons déjà dit que les piquets de l’armée continentale descendaient quelquefois assez avant dans le pays, et que le hameau des Plaines-Blanches était de temps en temps occupé par des détachements de cavalerie. Dans d’autres occasions, ces avant-postes se retiraient jusqu’à l’extrémité septentrionale du comté, et tout le pays situé entre la mer et l’armée était entièrement abandonné aux ravages des maraudeurs, qui pillaient au nom des deux partis sans servir ni l’un ni l’autre.

La route que suivaient nos voyageurs n’était pas celle qui sert de communication entre les deux principales villes de cet état ; c’en était une retirée, peu fréquentée, et presque inconnue même aujourd’hui, qui pénètre dans les montagnes vers les limites orientales du comté, et qui débouche ensuite dans la plaine à quelques milles de l’Hudson.

Il aurait été impossible aux coursiers épuisés de M. Wharton de traîner sa lourde voiture sur les montagnes escarpées qu’ils avaient à traverser, et deux dragons qui continuaient à lui servir d’escorte lui procurèrent le secours de deux vigoureux chevaux du pays, sans trop s’inquiéter si le propriétaire y consentait ou non. Grâce à cette assistance, César se trouva en état d’avancer lentement et non sans peine jusque dans le sein des montagnes. Désirant soulager sa mélancolie en respirant un air plus frais, et pour alléger d’autant le poids de la voiture, Frances en descendit au pied d’une montagne, et vit que Katy en avait fait autant dans