Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 2, 1839.djvu/309

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rieuse quand le son d’une trompette retentit dans la vallée et fut répété par tous les échos des rochers. Se levant tout à coup avec quelque alarme, elle entendit un bruit de chevaux, et bientôt un détachement de cavalerie, portant l’uniforme bien connu des dragons de Virginie, tourna la pointe d’un rocher et se montra à peu de distance de l’endroit où elle était. La trompette sonna de nouveau un air vif, et avant qu’elle eût eu le temps de se remettre de son agitation, Dunwoodie courut en avant de ses dragons, sauta à bas de son cheval, et s’avança près de sa maîtresse.

Ses manières annonçaient de l’empressement et de l’intérêt, mais il s’y mêlait une sorte de contrainte et d’embarras. Il expliqua en peu de mots qu’attendu l’absence du capitaine Lawton, il avait reçu ordre de se rendre en ce lieu avec un détachement de ses dragons pour être présent au procès du capitaine Wharton qui devait avoir lieu le lendemain, et que désirant savoir si la famille de son ami avait traversé les montagnes sans accident, il avait fait quelques milles pour s’en assurer plus tôt. Frances lui expliqua en rougissant et d’une voix tremblante pourquoi elle se trouvait en avant des autres voyageurs, et lui dit qu’elle les attendait à chaque instant. L’air de contrainte du major avait quelque chose de contagieux qui la gagna aussi, et l’arrivée de la voiture fut un soulagement pour l’un et pour l’autre. Dunwoodie lui offrit la main, dit quelques mots d’encouragement à M. Wharton et à miss Peyton, et, remontant à cheval, précéda les voyageurs dans les plaines de Fishkill qui se montrèrent à leurs yeux comme par enchantement dès qu’ils eurent tourné le rocher. Une petite demi-heure les amena à la porte d’une ferme où les soins de Dunwoodie avaient déjà tout préparé pour leur réception, et où le capitaine Wharton attendait avec impatience leur arrivée.