Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 2, 1839.djvu/62

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— En vérité s’écria Frances avec intérêt, sir Henry connaît donc Harvey Birch ?

— Il doit le connaître du moins, répondit Henry avec un sourire qui disait bien des choses.

— Croyez-vous, mon fils, demanda M. Wharton, qu’il n’y ait pas à craindre qu’il ne vous trahisse ?

— J’y ai réfléchi avant de me confier à lui, dit Henry d’un air pensif. Il paraît fidèle dans ses promesses. D’ailleurs son intérêt me répond de lui. Il n’oserait reparaître à New-York s’il me trahissait.

— Je crois, dit Frances, que Birch n’est pas sans bonnes qualités ; du moins il en montre l’apparence en certaines occasions.

— Il a de la loyauté, s’écria Sara ; et pour moi c’est une vertu cardinale.

— Je crois, dit son frère en riant, que l’amour de l’argent est une passion encore plus forte chez lui que l’amour de son roi.

— En ce cas, dit M. Wharton, vous n’êtes pas en sûreté ; car quel amour peut résister à la tentation qu’offre l’argent à la cupidité ?

— Oh ! répondit Henry avec gaieté, il y a un amour qui résiste à tout ; n’est-il pas vrai, Frances ?

— Voici votre lumière, répondit sa sœur décontenancée ; vous retenez votre père au-delà de son heure ordinaire.


CHAPITRE V.


Les yeux bandés, il aurait su quel chemin il devait suivre à travers les sables du Solway et les marécages de Taross. Par d’adroits détours et des bonds hardis, il aurait échappé aux meilleurs limiers de Percy. Il n’y avait aucun gué de l’Eske ou du Liddel qu’il ne pût traverser l’un après l’autre. Il ne s’inquiétait ni du temps, ni de la marée, des neiges de décembre ou des chaleurs de juillet ; il ne s’inquiétait ni de la marée, ni du temps, ni des ténèbres de la nuit, ni du crépuscule du matin.
Sir Walter Scott.


Tous les membres de la famille Wharton se couchèrent cette nuit en craignant que quelque accident imprévu ne vînt interrompre leur repos ordinaire. Cette inquiétude empêcha les deux