Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 2, 1839.djvu/82

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franchiraient avec la légèreté du vent. On envoyait encore, çà et là quelques vestiges en assez bon état ; mais comme aucune ne traversait le terrain, que Dunwoodie destinait à être la scène de ses opérations, on n’avait à abattre qu’un petit nombre de haies vives et quelques-unes formées par des claies. Cette besogna faite à la hâte fut pourtant parfaitement exécutée, et les guides se rendirent ensuite au poste que le major leur avait assigné pour le combat qui allait avoir lieu.

Le major Dunwoodie avait reçu de ses éclaireurs tous les renseignements dont il avait besoin pour faire ses dispositions. Le fond de la vallée était une plaine unie qui descendait par une pente douce et graduelle depuis le pied des montagnes qui s’élevaient de chaque côté, et dont le milieu était une prairie naturelle traversée par une petite, rivière dont les eaux inondaient souvent la vallée, mais contribuaient à la rendre fertile. Elle était guéable partout et elle n’offrait d’obstacle aux mouvements de la cavalerie que dans un seul endroit où, changeant de cours dans la vallée, elle se dirigeait du couchant au levant. Là les rives en étaient plus escarpées, et l’approche en était plus difficile. C’était en ce lieu que le grand chemin la traversait au moyen d’un pont de bois grossièrement construit, et il en existait un second à environ un demi-mille au-delà des Sauterelles.

À l’est de la vallée les montagnes étaient escarpées, et quelques-unes s’y avançaient même de manière à en diminuer la largeur de près de moitié en certains endroits.

L’une d’elles était à peu de distance en arrière de l’escadron, et le major donna ordre à Lawton de se placer derrière avec quatre-vingts hommes, et d’y rester en embuscade. Cette mission ne plaisait pas infiniment au capitaine, mais sa répugnance diminua en réfléchissant à l’effet que produirait sur les ennemis son attaque imprévue à la tête de sa troupe. Dunwoodie connaissait son homme, et il avait ses raisons pour le charger de ce service. Il craignait qu’il ne se laissât emporter par son ardeur s’il commandait la première charge, et il savait qu’il ne manquerait pas de se montrer à la tête de sa troupe quand le moment favorable s’en présenterait. Ce n’était que lorsqu’il était en face de l’ennemi que Lawton se laissait entraîner par trop de précipitation : en toute autre circonstance, il avait autant de sang-froid que de prudence, qualités qu’il oubliait quelquefois par son empressement à engager le combat.