Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 2, 1839.djvu/98

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saient en faisant retentir l’air de leurs cris, leurs trompettes sonnant en même temps des airs guerriers, le coursier virginien que montait le jeune capitaine devint ingouvernable : il s’emporta, se cabra, et la blessure qu’il avait reçue empêchant Henry de le maîtriser, il se trouva bien malgré lui, en moins d’une minute, galopant à côté du capitaine Lawton. Celui-ci comprit d’un seul coup d’œil la situation fâcheuse de son nouveau camarade ; mais étant à l’instant de fondre sur la ligne anglaise, il n’eut que le temps de s’écrier :

— Le cheval connaît la bonne cause mieux que le cavalier. Capitaine Wharton, vous êtes bienvenu dans les rangs des amis de la liberté.

Cependant, dès que la charge fut terminée, Lawton ne perdit pas un instant pour s’assurer de nouveau de son prisonnier, et voyant qu’il était blessé, il ordonna qu’on le conduisît à l’arrière-garde.

Les cavaliers virginiens ne ménagèrent pas cette partie de l’infanterie royale qui se trouvait en quelque sorte à leur merci. Dunwoodie voyant que ceux des Hessois qui avaient échappé au premier combat venaient de reparaître sur la plaine, les fit attaquer de nouveau, et leurs chevaux fatigués et mal nourris ne pouvant résister au choc de la cavalerie virginienne, les restes de ce corps furent bientôt détruits ou dispersés.

Pendant ce temps, une partie des soldats anglais, profitant de la fumée et de la confusion qui régnait sur le champ de bataille avaient réussi à passer derrière leurs camarades, et s’étaient rangés en bon ordre sur une ligne parallèle au bois ; mais ils n’avaient osé faire feu, de crainte de blesser leurs amis. Ils reçurent ordre d’entrer dans le bois, et de se former en seconde ligne à l’abri des troncs d’arbres. À peine cette manœuvre fut-elle exécutée, que le capitaine Lawton, appelant un jeune homme qui commandait une seconde compagnie restée avec la sienne, lui proposa de charger cette ligne afin de la rompre. Cette proposition fut acceptée avec la même ardeur qu’elle avait été faite, et les ordres pour l’attaque furent donnés à l’instant même. L’impétuosité de leur chef l’empêcha de prendre les précautions nécessaires pour assurer le succès ; la cavalerie fut repoussée en désordre, Lawton et son jeune compagnon tombèrent ; heureusement pour les Virginiens, le major Dunwoodie arriva de ce côté en ce moment critique. Il vit ses troupes en désordre, le jeune Singleton, officier que ses