Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 20, 1843.djvu/130

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— Faites-moi le plaisir de vous retirer, monsieur Thomas Wychecombe, reprit le baronnet après avoir eu les yeux fixés quelques instants sur son neveu, comme s’il se fût attendu à le voir sortir de la chambre sans se le faire répéter une seconde fois.

— Mon cher oncle, c’est moi, moi, le fils de votre propre frère, — votre plus proche parent, — qui suis aux pieds de votre lit avec inquiétude. — Ne me confondez pas avec des étrangers. Un tel oubli me percerait le cœur.

— Pardon, mon neveu, — mais je désire — être seul avec ces messieurs ; — ma tête redevient faible.

— Vous le voyez, sir Gervais Oakes ; — vous l’entendez ; monsieur Rotherham. — Ah ! j’entends partir la voiture qui emmène l’amiral Bluewater. Mon oncle disait qu’il lui fallait trois témoins ; je puis être le troisième.

— Désirez-vous, sir Wycherly, qu’il ne reste ici que les personnes que vous venez de nommer ? demanda l’amiral Oakes d’un ton qui annonçait qu’il ferait exécuter ses ordres, s’il persistait à vouloir que son neveu se retirât.

Un signe du malade répondit affirmativement d’une manière trop décidée pour qu’il pût y avoir une méprise.

— Vous devez voir quels sont les désirs de votre oncle, monsieur Thomas Wychecombe, dit sir Gervais du ton dont un officier bien élevé enjoint l’obéissance à un inférieur ; j’espère que vous vous y conformerez dans un moment comme celui-ci.

— Je suis le plus proche parent de sir Wycherly, répondit Tom d’un ton à demi arrogant. Personne ne peut avoir plus de droit que son neveu, et je puis dire son héritier, à rester près de son lit.

— Cela dépend du bon plaisir de sir Wycherly, Monsieur. C’est lui qui est le seul maître ici ; et comme il m’a invité à rester seul près de lui avec d’autres personnes qu’il a nommées, et dont vous ne faites point partie, je regarderai comme un devoir pour moi de faire exécuter sa volonté.

Ces mots furent prononcés de ce ton ferme et calme que donne l’habitude du commandement ; et Tom commença à voir qu’il pouvait être dangereux pour lui de résister plus longtemps. Il jugeait important qu’un homme du rang et du caractère de l’amiral n’eût rien à dire contre lui, dans le cas où il s’élèverait à l’avenir quelque contestation sur ses droits, et après avoir protesté de son respect pour son oncle et de son désir de faire tout ce qui lui serait agréable, il sortit de la chambre.

Un éclair de satisfaction brilla sur la physionomie du malade quand