Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 20, 1843.djvu/165

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— Pas la moindre, amiral Bleu, reprit Galleygo, les suivant tandis qu’ils entraient dans la maison, et continuant à parler sans que personne l’écoutât ; — et les choses iront encore pire avant d’aller mieux. On m’assure que les pommes de terre mêmes ont doublé de prix ; et comme les mousses de tous nos bâtiments sont à terre, cherchant des provisions fraîches pour la table des midshipmen, nous ne serons pas mieux nourris, nous autres, que des soldats dans une retraite.

Ils rencontrèrent dans le vestibule Tom Wychecombe et le jeune lieutenant. L’air sombre et lugubre du premier confirma leurs craintes ; mais la physionomie du second avait quelque chose de plus encourageant, et il n’hésita pas à leur dire qu’il n’était pas tout à fait sans espérance.

— Quant à moi dit-il, j’avoue que je trouve sir Wycherly beaucoup mieux, quoique cette opinion ne soit pas sanctionnée par celle des médecins. Le désir qu’il a montré de voir ces dames me paraît un symptôme favorable, et il a reçu des nouvelles qui lui ont fait plaisir par le retour du messager parti il n’y a que huit heures pour aller chercher son cousin sir Reginald. Il s’est trouvé mieux d’une manière sensible, depuis que ce rapport lui a été fait.

— Ah ! mon cher Monsieur, s’écria Tom en secouant la tête d’un air sinistre, vous ne pouvez connaître aussi bien que moi la constitution et les sentiments de mon cher oncle. Soyez-en bien sûr, les médecins ont raison, et vos espérances vous trompent. Si mon cher oncle a envoyé chercher mistress Dutton et miss Mildred qu’il estime et qu’il respecte toutes deux, c’est plutôt pour leur faire ses adieux que pour autre chose. Quant à sir Reginald Wychecombe, quoiqu’il soit son parent, sans aucun doute, je crois qu’on a commis quelque méprise en l’envoyant chercher, car c’est à peine une connaissance de la branche aînée de la famille, et il n’est que d’une ligne.

— Que d’une ligne ! s’écria le vice-amiral avec une vivacité qui fit tressaillir tout le monde ; car ayant appris l’arrivée des deux dames, il entrait en ce moment dans le vestibule pour les voir. Je vous demande pardon, Monsieur, de vous adresser la parole si brusquement ; mais c’est moi qui ai été chargé d’envoyer chercher sir Reginald, et je désire savoir exactement quel est son degré de parenté avec notre hôte.

Tom tressaillit et pâlit même à cette question inattendue ; la rougeur lui monta ensuite jusqu’aux tempes ; mais, réprimant son émotion, il répondit avec calme :

— Parenté dans une seule ligne, sir Gervais ; genre de parenté