Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 20, 1843.djvu/179

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— Je suis sir Reginald Wychecombe, Monsieur, et je tâche de ne pas oublier de quels honorables ancêtres je suis descendu. Puis-je vous demander à quel parent j’ai le plaisir de parler ?

— À M. Thomas Wychecombe, qui est tout à vos ordres, monsieur, fils aîné de l’aîné des frères de sir Wycherly, M. le baron Wychecombe. J’espère, sir Reginald, que vous ne nous avez pas regardés comme des parents assez éloignés pour ne faire aucune attention aux naissances, aux mariages et aux décès qui ont eu lieu dans notre famille.

— Certainement non, Monsieur, répondit le baronnet d’un ton sec, et avec une emphase qui alarma son compagnon ; mais le sourire calme et jésuitique qui accompagnait ces mots rassura celui-ci momentanément. – Tout ce qui concerne la maison de Wychecombe, continua sir Reginald, a beaucoup d’intérêt pour moi ; j’ai donc cherché à m’assurer des dates de toutes les naissances, de tous les mariages et de tous les décès qui ont eu lieu, et je crois y avoir réussi. Je regrette beaucoup que la seconde fois que j’entre dans cette vénérable maison soit marquée par un événement aussi triste que celui qui m’y a fait appeler. — Comment se trouve à présent votre honorable… parent, sir Wycherly ?

Il y avait dans ces paroles, comme dans le ton circonspect, mais expressif, du baronnet, de quoi mettre Tom mal à son aise ; mais il s’y trouvait aussi de quoi lui laisser des doutes sur ce que le nouveau venu avait voulu dire. Ce n’était que légèrement que sir Reginald avait appuyé sur certains mots, quoique prononcés très-distinctement ; et le sourire tranquille qui était constamment sur ses lèvres, déjouait les calculs de l’héritier expectant. La manière dont il avait hésité pour désigner le degré de parenté du malade avec Tom, et le choix qu’il avait fait du terme général parent au lieu du mot oncle, qui aurait été plus précis, pouvaient n’être que l’effet du hasard, et avaient pourtant quelque chose d’équivoque. Toutes ces idées occupaient l’esprit de Tom, mais ce n’était pas le moment de chercher à éclaircir ses doutes. La politesse exigeait qu’il répondît sur-le-champ, et il réussit à parler d’une voix assez ferme pour sauver les apparences. Mais il avait affaire à un homme plein de sagacité, qui vit qu’il avait produit l’effet qu’il désirait ; car son but était de prendre une sorte d’autorité sur ce jeune homme.

— Mon cher oncle, dit-on, a recouvré en partie la connaissance ; mais je crains que ce ne soit une apparence trompeuse. À quatre-vingt-quatre ans, Monsieur, la mort ne lâche pas prise aisément. Le pire, c’est que son esprit est évidemment affecté par sa maladie, et